Les 茅tudiants devront-ils bient么t tirer un trait sur les 茅迟耻诲别蝉 脿 l'茅tranger听? Dans leur volont茅 de rationaliser l'immigration, les destinations pris茅es des expats prennent des mesures qui rendent les projets d'expatriation plus difficiles. Comment les restrictions de visa et les hausses de frais impactent-elles les universit茅s et l'enseignement听? Comment envisager d'茅tudier 脿 l'茅tranger dans ce contexte听?
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L'expatriation des 茅tudiants contrari茅e par les r茅formes migratoires
Les universit茅s seront-elles bient么t priv茅es de leurs 茅tudiants 茅trangers听? Au Royaume-Uni, en Australie, en Su猫de, au Canada, en France ou en Belgique (qui opte pour une r茅forme plus souple pour les talents, plus stricte pour les expatri茅s non dipl么m茅s/qualifi茅s), les nouvelles lois sur l'immigration am猫nent davantage de restrictions, qui impactent les projets d'expatriation des 茅tudiants internationaux. L'image m锚me de ces pays est affect茅e. Ils apparaissent moins ouverts听: c'est justement ce qu'ils recherchent, pour attirer moins d'茅tudiants 茅trangers.
Les universit茅s de ces pays continuent n茅anmoins de briller 脿 l'international et de mettre en avant leur prestige. Pas question pour elles de reculer, surtout dans un monde toujours plus innovant et comp茅titif. Mais les r茅formes portent un s茅rieux coup 脿 leurs ambitions, et d茅r猫glent leur organisation. Car le prestige a un prix que les 脡tats ne semblent plus vouloir payer. D'autres (脡mirats arabes unis, Cor茅e du Sud, Japon鈥�) en profitent pour attirer les 茅tudiants d茅莽us des r茅formes des grands pays d'immigration. Zoom sur le Canada et point sur la crise universitaire au Royaume-Uni et en Australie.
Canada听: remettre de l'ordre pour mieux accueillir les 茅tudiants 茅trangers
Certes, le Canada continue et continuera d'锚tre une grande terre d'immigration. Le pays veut toujours attirer les 茅trangers, essentiels au maintien de sa croissance 茅conomique et d茅mographique. Mais ses derni猫res r茅formes portent un s茅rieux cout 脿 son image. 2024 s'est ouvert avec un plafonnement du nombre d'茅tudiants 茅trangers. Un plafonnement 芦听temporaire听禄 (2 ans) rassure le ministre de l'Immigration Marc Miller, qui refuse (脿 l'inverse de son pr茅d茅cesseur Sean Fraser) de rendre les 茅tudiants 茅trangers responsables de la crise du logement. En ao没t 2023, Fraser, pass茅 ministre du Logement, affirmait que les 茅trangers aggravaient la crise du logement. Une affirmation aussit么t combattue par Miller.听
Le ministre compte sur la r茅duction du nombre d'茅tudiants (-35听% selon les estimations) pour renforcer l'accueil des 茅trangers et lutter contre les d茅rives. Un certain nombre d'universit茅s peu scrupuleuses sont dans le viseur de l'脡tat. Leur d茅lit听: elles pr茅l猫vent des frais de scolarit茅 exorbitants, mais sans offrir un enseignement de qualit茅 aux 茅tudiants 茅trangers. Elles contournent les programmes pour les 茅tudiants 茅trangers et d茅livrent des dipl么mes 芦听fictifs听禄 (les enseignements de mauvaise qualit茅 ne permettant pas d'acqu茅rir de solides comp茅tences). C'est ce syst猫me parall猫le qu'entend combattre le gouvernement.听
Royaume-Uni听: des restrictions qui plongent les universit茅s dans le rouge
Le Brexit a port茅 un coup s茅v猫re aux projets des 茅tudiants 茅trangers, surtout europ茅ens. Leur nombre a chut茅 d猫s l'officialisation de la sortie du Royaume-Uni de l'Union europ茅enne (UE). L'inflation et surtout les multiples r茅formes des conservateurs ont augment茅 les restrictions pour les 茅tudiants 茅trangers. 脡tudier 脿 l'茅tranger n'a jamais 茅t茅 aussi compliqu茅.
L'ann茅e 2024 a commenc茅 avec de nouveaux tours de vis sign茅s Sunak (alors encore Premier ministre)听: hausse des frais de visa, de la surcharge de taxe de sant茅, des frais de scolarit茅, restrictions concernant le permis de travail, etc. Les universit茅s observent, inqui猫tes, la chute du nombre de leurs 茅tudiants 茅trangers. Rien qu'au premier trimestre 2024, elles comptent 30 000 demandes de visas en moins, par rapport 脿 la m锚me p茅riode en 2023. En 2022, elles constataient d茅j脿 une baisse de 50听% du nombre d'茅tudiants europ茅ens (cons茅quence directe du Brexit). Elles sont d茅sormais confront茅es 脿 une baisse significative du nombre d'茅tudiants non europ茅ens.
40听% des universit茅s britanniques en d茅ficit
Les universit茅s redoutent une fuite des cerveaux vers d'autres destinations pris茅es par les expatri茅s听: 脡tats-Unis et Canada en t锚te. V茅ritables 芦听poules aux 艙ufs d'or听禄, les 茅tudiants 茅trangers paient des frais de scolarit茅 deux 脿 trois fois plus 茅lev茅s que les Britanniques听: entre 10 000 et plus de 35 000 livres sterling par an (selon l'ann茅e, l'universit茅 et le cursus), contre 脿 peine 9 250 livres sterling par an pour un local. Le prix, encadr茅 par l'脡tat, n'a pas boug茅 depuis 2012, alors que celui pay茅 par les 茅tudiants 茅trangers a explos茅.听
Or, moins d'茅tudiants 茅trangers, c'est moins d'argent pour les universit茅s. Pour renflouer rapidement les caisses, des universit茅s choisissent d'accueillir plus d'expatri茅s, quitte 脿 baisser le niveau exig茅. C'est le choix de l'universit茅 d'York, membre du prestigieux Russel Group (qui regroupe les 24 plus grands 茅tablissements britanniques). Elles se tourneraient bien vers l'脡tat, mais ce dernier ne cesse de r茅duire le budget consacr茅 脿 l'enseignement sup茅rieur. Les financements des 茅tudiants 茅trangers repr茅sentent aujourd'hui environ 20听% des recettes des universit茅s. C'est deux fois plus qu'en 2014.
Les probl猫mes financiers des universit茅s impactent directement leur fonctionnement, la qualit茅 de leurs infrastructures (b芒timents v茅tustes, manque de place, outils informatiques obsol猫tes, etc.) et de leur enseignement. C'est le cas de l'Universit茅 de Northampton, qui pr茅voit un d茅ficit de 19,3 millions de livres sterling pour cette ann茅e.听 Northampton compte 芦听40 脿 50听%听禄 d'茅tudiants internationaux en moins. Cette ann茅e, 40听% des universit茅s britanniques devraient traverser un d茅ficit similaire 脿 celui de Northampton.
Faut-il craindre une baisse de la qualit茅 de l'enseignement听?听
芦听Double z茅ro听禄. C'est la note s茅v猫re des analystes, qui appellent 脿 une profonde r茅flexion sur le financement des universit茅s. 芦听Double z茅ro听禄 pour l'脡tat, qui, selon les d茅tracteurs, fermerait les yeux sur un probl猫me connu de longue date tout en continuant de durcir les r猫gles de l'immigration. De leur c么t茅, les universit茅s disent avoir tout fait pour alerter l'脡tat. Les 茅tudiants 茅trangers sont les premiers 脿 en payer les cons茅quences, tant sur le plan financier qu'au niveau de la qualit茅 de l'enseignement.听
脡tudiants 茅trangers et locaux parlent d'un enseignement dont la qualit茅 se d茅grade. R茅duction de personnel, fermeture de services, voire de d茅partements entiers, classes surpeupl茅es, r茅ductions des heures de cours, augmentation des cours en ligne pr茅enregistr茅s. Si la solution s'entendait pendant la pand茅mie, elle se justifie moins aujourd'hui. Les prestigieuses universit茅s d'Oxford, de Cambridge ou de Birmingham ne sont pas 茅pargn茅es.
Australie : une baisse du nombre d'茅tudiants 茅trangers qui plombe les finances des universit茅s
Les universit茅s australiennes font aussi face 脿 une chute du nombre de leurs 茅tudiants 茅trangers. En f茅vrier 2024, on compte 20听% de visas en moins d茅livr茅s aux 茅tudiants expatri茅s. Le chiffre est in茅dit, et le gouvernement s'en f茅licite. Poursuivant son objectif de baisse de l'immigration nette, l'脡tat poursuit sa politique restrictive pour diminuer encore plus le nombre d'茅tudiants 茅trangers. Parmi ces derni猫res mesures, la fin du visa hopping, l'augmentation du revenu minimum pour demander le visa 茅tudiant, ou encore, la complexification des tests pour l'obtention du visa, plafonnement du nombre d'茅tudiants 茅trangers鈥�
Tout comme au Royaume-Uni, la strat茅gie migratoire de l'Australie impacte fortement les universit茅s et les r茅gions. Car les facs australiennes aussi renflouent leur caisse gr芒ce 脿 la manne financi猫re des 茅tudiants 茅trangers. En 2019, ils sont 440 000 脿 茅tudier en Australie.听 Ils sont 768 000 inscrits en octobre 2023. L'Australie est l'un des pays au monde accueillant le plus d'茅tudiants expatri茅s. Seuls les 脡tats-Unis et le Royaume-Uni la devancent. Certaines universit茅s, comme celle de Sydney, comptent 50听% d'茅tudiants 茅trangers.听
Les analystes pr茅cisent que ce n'est pas le chiffre qui pose probl猫me, mais bien le mode de financement des universit茅s, bas茅 sur les frais de scolarit茅 exorbitants pay茅s par les 茅tudiants 茅trangers. Conf猫re la pand茅mie, qui a emp锚ch茅 les expatri茅s de voyager. Comme au Royaume-Uni, l'脡tat investit tr猫s peu dans l'enseignement sup茅rieur australien. Les cons茅quences de ce d茅sinvestissement d茅passent largement le cadre des universit茅s. 脌 Victoria, 2e 脡tat le plus peupl茅 d'Australie, c'est toute l'茅conomie qui est touch茅e. Selon une 茅tude de SPP Consulting pour l'Universit茅 de Melbourne et l'Universit茅 Monash, les universit茅s publiques contribuent pour 27,4 milliards de dollars aux richesses de l'脡tat. Universit茅s qui d茅pendent de plus en plus des frais de scolarit茅 茅lev茅s pay茅s par les 茅trangers pour se financer. Les 茅tudiants expatri茅s et les personnels universitaires redistribuent encore 15,4 milliards de dollars via leurs d茅penses (loyer, alimentation, etc.). Selon l'茅tude, la baisse du nombre d'茅tudiants 茅trangers a des cons茅quences directes sur la croissance de Victoria.
Entreprises et universit茅s en crise听
Les entreprises, surtout celles confront茅es aux p茅nuries de main-d'艙uvre, disent 茅galement souffrir des restrictions impos茅es par le gouvernement. Or, le gouvernement dit justement r茅former sa politique migratoire pour mieux orienter les dipl么m茅s 茅trangers vers les secteurs en p茅nurie de main-d'艙uvre. D'apr猫s les analystes, la baisse du nombre d'茅tudiants 茅trangers entrainerait la fermeture de services, non seulement dans les universit茅s, mais aussi au sein des 脡tats. Ils alertent 茅galement sur une potentielle fuite des cerveaux, une d茅gradation de l'image des universit茅s australiennes, un manque de soutien des entreprises et une perte de vitesse en mati猫re de recherche et d'innovation.听
La r茅cente suppression du visa hopping est un nouveau coup dur pour les universit茅s australiennes. Pour rappel, le visa hopping permettait aux 茅trangers venus avec un visa de visiteur de demander un visa 茅tudiant. Le gouvernement australien compte 36 000 demandes de visa entre le 1er juillet 2023 et le 31 mai 2024 et d茅nonce un parcours 芦听non conforme听禄 qui entrainerait de nombreuses d茅rives. 芦 Propos inv茅rifiables听禄, contestent les universit茅s et les 茅coles de langues. Elles rappellent que de nombreux 茅tudiants utilisent justement le syst猫me pour s'assurer de leur choix et/ou perfectionner leur anglais. Les 茅coles d'anglais se montrent particuli猫rement inqui猫tes, car fonctionnant justement gr芒ce aux 茅trangers (茅tudiants, pvtistes, visiteurs鈥�). Des 茅tablissements rapportent ainsi que les 茅trangers constituent 90 脿 95听% de leurs 茅tudiants.
脡tudier 脿 l'茅tranger en 2024听
Bien entendu, l'expatriation des 茅tudiants continuera. La migration internationale reste l'un des moteurs de la croissance des 脡tats. Les r茅centes 茅lections au Royaume-Uni et en France changeront-elles la donne听? En France, la victoire surprise de l'union de gauche cr茅e l'espoir chez les 茅tudiants 茅trangers. La gauche a d茅j脿 annonc茅 qu'elle abrogerait la r茅forme controvers茅e vot茅e en janvier 2024, qui durcit les r猫gles de l'immigration.听
M锚me espoir des 茅tudiants concernant la victoire 茅crasante des travaillistes. Mais le nouveau Premier ministre Keir Starmer, pourtant Europ茅en convaincu (il avait vot茅 contre la sortie du Royaume-Uni de l'UE), a pr茅venu qu'il ne reviendrait pas sur le Brexit. En revanche, il esp猫re 芦听renforcer听禄 et 芦听resserrer听禄 les liens avec Bruxelles. Les candidats 脿 l'expatriation veulent y voir un signe d'assouplissement. Les universit茅s attendent 茅galement des mesures fortes pour juguler la crise. En Australie, les universit茅s continuent d'alerter le gouvernement听: son obsession pour la r茅duction de l'immigration nette coutera des points de croissance. Les 茅tudiants 茅trangers, grands contributeurs des 茅conomies locales, iront 茅tudier ailleurs. La perte ne se situe pas seulement sur le strict plan de l'茅conomie 脿 court terme, mais aussi sur les perspectives de croissance 脿 long terme. Car les 茅tudiants qui optent pour d'autres pays ne risquent pas de revenir.
Les nouvelles destinations des 茅tudiants 茅trangers听
Capter les 茅tudiants d茅莽us des r茅formes des grandes terres d'immigration听: c'est l'objectif des 脡mirats arabes unis (EAU). Le pays star des travailleurs expatri茅s veut devenir une nouvelle destination phare pour les 茅tudiants internationaux. Le pays a ouvert son aux 茅tudiants pour attirer les talents.听
La Cor茅e du Sud et le Japon partagent des ambitions similaires et une difficult茅听: la barri猫re de la langue. Les deux pays veulent accueillir 300 000 茅tudiants 茅trangers d'ici 2027. Une r茅forme sud-cor茅enne propose d'abaisser le niveau de langue requis pour faciliter l'entr茅e des 茅trangers. Mais la proposition passe mal aupr猫s des universitaires, pour qui la maitrise du cor茅en doit rester un pr茅requis. Ils rappellent que baisser le niveau impactera la qualit茅 de l'enseignement et ne favorisera pas l'int茅gration des 茅tudiants. Le Japon maintient son syst猫me. Si les grandes universit茅s sont de plus en plus nombreuses 脿 proposer des programmes en anglais, elles rappellent aussi l'importance d'apprendre le japonais.听
La captation des 茅tudiants (et surtout des 芦听meilleurs听禄 茅tudiants) reste l'un des d茅fis majeurs des 脡tats. Les universit茅s hongkongaises multiplient les efforts pour attirer les 茅tudiants 茅trangers et renouer avec leur rayonnement international. Elles esp猫rent 茅galement r茅茅quilibrer la donne, car l'influence grandissante de la Chine continentale se voit aussi dans l'enseignement sup茅rieur, avec une hausse notable du nombre des 茅tudiants chinois. Ils repr茅senteraient aujourd'hui 50 脿 70听% du nombre d'茅tudiants expatri茅s. Les universit茅s veulent attirer davantage d'茅tudiants venant d'autres pays, et se tournent notamment vers l'Inde.
