bonjour ben voila un article du journal qui tombe à pic
source du document ci dessous
rien que le titre déjà !!!!
Le mythe du tourisme
Toujours plus dÂ’hôtels, d’études et de milliards dépensés... Depuis la fin des ɱ¹Ã©²Ô±ð³¾±ð²Ô³Ù²õ, le tourisme est un thème politique majeur. Pourtant, le nombre de visiteurs stagne. Et sÂ’il ne sÂ’agissait que dÂ’un prétexte ? La question se pose, à la lecture dÂ’un récent rapport de la Chambre des comptes sur le sujet.
Connaissez-vous le rapport Clary ? Non ? C’est normal. Il s’agit d’une vieille étude sur le tourisme en Nouvelle-Calédonie, parue en 1993. À l’époque, l’État poussait les dirigeants locaux à redorer l’image du pays et, si possible, en faire un aimant touristique. Car « le potentiel est là », disait-on alors.
Une fois paru, le rapport Clary a suscité des commentaires enthousiastes, puis il a rejoint la pile des précédentes études. Pourtant, des problèmes avaient été identifiés et des solutions avancées. On parlait déjà des « tarifs excessifs », de la « concentration [de l’hébergement] sur Nouméa », et des « hôtels d’affaires, pas conçus pour le développement touristique ».
On y parlait aussi d’une stratégie orientée « sur l’investissement, plus que sur la faisabilité d’une exploitation pérenne ». Bref, de tout ce qui fait encore débat, quinze ans après. Et pour cause : « une grande partie des préconisations (...) du rapport Clary sont restées lettres mortes », constate la Chambre des comptes (CTC) dans un rapport sur la politique touristique de la province Sud (1). « Seule la consommation des moyens a augmenté de façon très sensible », poursuivent les magistrats.
Le sort du rapport Clary est emblématique. Car après lui, il y a eu le rapport Ezzano, avec les mêmes constats. Puis le Plan de développement concerté (PDTNC), lancé par la province en 2004 et doté d’un budget de 70 millions, rien que pour les études. Tous ces travaux aboutissent aux mêmes recommandations. Mais aucune n’a été suivie par les politiques, regrette la Chambre. Même le PDTNC n’est pas respecté à la lettre pour l’instant.
Pendant ce temps, presque rien n’a bougé sur le plan purement touristique. Le nombre de visiteurs stagne depuis 1997 (autour de 100 000 par an), alors que les chiffres ont explosé partout dans le Pacifique. Les magistrats évoquent même une perte de 20 % de parts de marchés face à la concurrence océanienne entre 1999 et 2006.
Le tourisme est resté un secteur « secondaire », qui pèse seulement 4 % du produit intérieur brut
D’un point de vue économique, le tourisme est resté un secteur « secondaire », qui pèse seulement 4 % du produit intérieur brut. Loin derrière les services aux ménages, le commerce, les mines, le bâtiment, les transports ou la communication. Pire : les touristes que l’on s’échine à attirer (Japonais, Australiens, Néo-Zélandais) ne sont pas ceux qui rapportent. Dans les hôtels deux étoiles, un client sur dix est étranger. Les autres sont des Calédoniens (courts séjours, séminaires d’entreprise…) ou des Métropolitains « captifs » qui rendent visite à un proche.
À quoi sert donc le tourisme ? À financer, parfois, des projets immobiliers inutiles. Comme les hôtels avec appartels bâtis à Nouméa, doublement défiscalisés qui allaient à l’encontre du cap donné par les études.
Mais si nos élus croient encore dans le tourisme, c’est grâce à son rôle social. « C’est notre seconde industrie d’exportation derrière le nickel », explique le président de province, Philippe Gomès. « Tous les ans, 22 milliards de francs viennent irriguer notre économie (...) C’est aussi 4 000 emplois, qui permettent de faire du développement économique hors de Nouméa. Pour cela, il n’y a que trois solutions : le nickel, l’agriculture et le tourisme. » En résumé, l’argent public investi dans le tourisme permet de structurer le pays… Avec ou sans touristes.
Marc Baltzer
Les chiffres
4
En milliards, c’est la somme de l’agent public consacré au tourisme en 2005 (dernier comptage disponible). La province en avait assumé 58 %, soit 2,3 milliards. Depuis, les dépenses ont augmenté. Pour faire un décompte complet, il faut aussi prendre en compte les 6 milliards de participations de Promosud au sein d’entreprises touristiques, qui permettent à des hôtels déficitaires de survivre.
17
La somme, en milliards de francs, dépensée par les touristes étrangers ou métropolitains en 2007, billets d’avion non compris. Mais ce sont les touristes locaux qui fournissent 65 % du chiffre d’affaires des entreprises touristiques, contre 35 % pour les non-résidents. Ceux qui dépensent le moins, et de loin, sont les croisiéristes.
4 700
Le nombre d’emplois directement liés au tourisme en 2007. Ce chiffre a beaucoup progressé, ces dernières années, puisqu’il a bondi de 20 % depuis 2005, et de 60 % depuis 1996.
Les trois branches qui embauchent le plus sont l’hébergement (2 200 salariés), la restauration (790) et le transport aérien (680).
65%
La proportion de clients calédoniens dans les hôtels de standing de la province Sud (3 étoiles ou plus).
Dans les établissements à 2 étoiles, les «locaux» représentent 90 % de la clientèle. Du point de vue des recettes de la filière hôtelière, la part est quasiment égale entre Calédoniens (44 % des recettes) et étrangers (43 %).
61%
Le taux d’occupation des hôtels de la province Sud, en 2007. Le chiffre a légèrement progressé depuis 2003 (59,7% d’occupation). Les 2 étoiles sont les mieux remplis (68 %), mais sont aussi ceux qui accueillent le plus de Calédoniens (90 % de locaux ou de Métropolitains résidents). Les 3 étoiles (ou plus) sont les moins bien remplis avec 54,5 %.