Noël sous les tropiques, loin des traditions enneigées, pousse les expatriés à réinventer l'esprit des fêtes avec créativité. Entre décorations exotiques, pique-niques sur la plage et moments de partage avec les Mauriciens, chacun adapte ses traditions, qu'il s'agisse de la Saint-Nicolas ou des célébrations locales. Malgré les maillots et la chaleur, l'essence festive reste vivante, mêlant convivialité, spiritualité et découvertes.
Lorsque l'on est habitué au White Christmas, il est parfois compliqué de passer les fêtes en maillot de bain et de rompre avec les habitudes et traditions familiales ainsi que l'ambiance propre à Noël entre balades en forêt emmitouflés dans de gros manteaux, jeux au coin du feu et temps neigeux.
Tout est à recréer pour que l'esprit de Noël soit bien présent, et les expatriés ne manquent pas d'imagination pour cela !
Préparatifs sous les tropiques
Il est toujours un peu perturbant de se promener dans les supermarchés et centres commerciaux de Maurice à partir du mois de novembre. Alors que la courbe des températures s'élève, les rayons se parent de guirlandes, de boules scintillantes et de décorations à suspendre dans les branches du sapin. Sapin qui, du reste, ne ressemble pas franchement à celui que l'on a l'habitude d'orner dans les maisons européennes : exit le classique Nordmann, bienvenue l'Araucaria. On flâne entre les étals rappelant que la fin de l'année s'approche tout en rêvant d'aller prendre un bain dans les eaux turquoises du lagon, ce qui rend les préparatifs un peu secondaires :
“Il est toujours un peu compliqué de se mettre dans l'esprit de Noël et d'anticiper cette période lorsque les jours rallongent et que les enfants se précipitent dans la piscine en rentrant de l'école. On regarde le calendrier en se disant que c'est impossible qu'on soit déjà fin novembre !”, sourit Vanessa, installée à Maurice depuis 5 ans.”
Les traditions revisitées
Plusieurs écoles s'affrontent chez les expatriés francophones concernant Noël : certains choisissent, fidèles à leurs racines, de mettre le paquet pour la Saint-Nicolas, le 6 décembre, en respectant les traditions à la lettre, d'autres choisissent de faire venir leurs parents sans qui passer les fêtes serait impossible, et le reste recrée une manière bien particulière de célébrer cet événement unique. “Nous sommes Belges et la Saint-Nicolas a toujours été un moment important dans nos vies d'enfants, le début des festivités de Noël. Nous plaçons donc toutes les petites offrandes à l'âne au bord de la piscine, la carotte et le bol de lait, et on se débrouille soit pour rapporter d'Europe des figurines en chocolat ou spéculoos du saint, soit pour tenter d'en trouver dans les épiceries fines ici !” témoigne Julie.
“Pour nous, il est important de faire passer les traditions à nos enfants. Nous lisons bien sûr beaucoup de contes de Noël, mais nous mettons surtout beaucoup d'énergie à décorer la maison, bien plus que si nous étions en France ! Même si on croise dans les supermarchés les elfes et le père Noël, et que l'on voit des décorations dans les flamboyants et le long de certaines rues, ce n'est pas complètement pareil : on a donc investi dans les bonnets, les serre-têtes humoristiques, les guirlandes à foison, craqué pour un sapin synthétique, et acheté un costume de père Noël …” explique Amélie, qui passe son 3ᵉ Noël en famille avec son mari et ses deux enfants sur l'île.
Chez eux, le 24 décembre est consacré à un dîner calme avec les mets classiques : saumon fumé, foie gras, huîtres, bûche et champagne, alors que le 25 est local : “Nous allons pique-niquer sur une plage publique avec de bons amis, au milieu des familles qui profitent de ce temps férié. Nous portons nos bonnets de Noël dans l'eau, l'ambiance est gaie et détendue, vraiment festive, et c'est drôle de voir les Mauriciens aussi détendus, encore plus accueillants et généreux que d'habitude ! On papote avec les familles installées à côté de nous et cela se termine souvent après le coucher du soleil, on finit par partager la nourriture, c'est vraiment Noël.”
Noël pour les croyants et les pratiquants
Sur cette île où la foi est bien présente, c'est le moment de partager le quotidien des croyants : “Nous aimons beaucoup assister à la messe de Noël ici ! Elle a l'avantage d'être tôt, ce qui est parfait avec les enfants. Elle est surtout très gaie, tout le monde chante, tape dans ses mains, on sent une vraie joie dans l'assemblée, peu importe que tout le monde ait chaud !” raconte Carole, convaincue par la messe découverte l'an passé à l'église de La Salette à Grand Baie.
“Pour nous, c'est la messe et le dîner avec nos amis, la famille étant loin. On a l'impression de passer un réveillon un peu comme au pays, sauf que tout le monde finit en maillot dans la piscine avec une coupe à la main, après un dîner léger parce qu'il fait vraiment trop chaud !” rit Alex, arrivé en couple il y a deux ans. “Et comme on a été bien accueillis, on a la chance d'être invités le 25 à déjeuner chez des Mauriciens. C'est une façon vraiment chouette de vivre cette fête, un beau temps de partage.”
Pour les familles qui accueillent leurs proches, Noël est l'occasion de faire découvrir le pays dans une ambiance spéciale. “Nos parents sont toujours surpris de se dire qu'ici aussi il y a des sapins, des crèches, des décorations, que Noël est fêté même au soleil ! On organise toujours une sortie en bateau le 25 pour découvrir une île au large différente à chaque fois, et c'est une tradition qu'on adore.” sourit Cathy, chez qui cette tradition sera difficile à remplacer le jour du retour vers le grand froid. “On pourra toujours tenter la sortie en traîneau !”
Pour Antoine, la saison festive est l'occasion de partages avec la communauté locale : “Depuis deux ans, nous organisons à la maison un secret santa, où chacun doit apporter un cadeau amusant, de peu de valeur, que l'on tire au sort. Cela permet de recevoir les amis et les proches mauriciens, de mélanger nos connaissances, de créer un moment festif qui pour nous est désormais incontournable, avec à la place du foie gras des gadjaks !”
Si Noël se passe en savates, paréos et shorts de bain, les expatriés savent apprécier ce temps joyeux, aux couleurs éclatantes entre cocotiers verts et lagon céladon, conscients de leur chance de découvrir une nouvelle manière de le fêter, finalement pas si éloignée de la tradition européenne…