Le boom de l'IA générative continue de transformer le marché de l'emploi international. Les entreprises, à commencer par les GAFAM, sont de plus en plus nombreuses à miser sur les intelligences artificielles. Même celles à priori éloignées du monde du numérique (cabinets d'experts-comptables, de juristes…) s'y sont mises. Quelles opportunités de travail peut-on saisir à l'étranger ? Quelles études suivre pour percer dans l'IA ?
Les meilleurs pays pour travailler dans l'IA
États-Unis, Chine, France, Royaume-Uni, Canada, Inde, Corée du Sud, Allemagne, Singapour, Émirats arabes unis. Voilà les pays qui investissent le plus dans l'IA. Pays qui recherchent également des professionnels étrangers qualifiés et très qualifiés. Dans la course à l'IA, les États-Unis, portés par les GAFAM (Google, Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft) et les NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber), veulent garder un coup d'avance. Si le monde semble découvrir l'IA aujourd'hui, nombre d'entreprises, dont les géantes du Web, planchent sur la nouvelle technologie depuis de nombreuses années. Entre 2013 et 2022, les États-Unis ont investi près de 250 milliards de dollars dans l'IA.
Une recrudescence des investissements dans les intelligences artificielles
Derrière les États-Unis, la Chine booste ses investissements : près de 40 milliards de dollars rien qu'en 2024, et plus de 100 milliards d'ici 2030. Le Canada, la Corée du Sud, l'Allemagne, le Royaume-Uni et Singapour investissent entre 8 et plus d'un milliard d'euros. Investissements qui sont amenés à augmenter, à l'exemple de ceux de la France. Près de 2 milliards de dollars en 2023, et une rallonge de 400 millions d'euros (environ 430 millions de dollars) promise par le président Macron le 21 mai, pour former de nouveaux spécialistes de l'IA.
Les Émirats arabes unis, futur leader mondial de l'IA ?
Il faut aussi compter sur les Émirats arabes unis (EAU). La « stratégie IA » pensée en 2017 prend un nouvel élan. Les EAU sont déterminés à distancer le rival saoudien et surtout à s'imposer comme le leader mondial de l'IA dès 2034. Mais la concurrence entre les deux pays du Golfe fait rage. L'Arabie saoudite met en avant son méga-investissement dans l'IA avec la société américaine de capital-risque Andreessen Horowitz : 40 milliards de dollars. Les EAU ripostent : en avril 2024, l'entreprise émiratie G42 spécialisée dans l'IA signe un juteux partenariat avec Microsoft (1,5 milliard de dollars). De quoi asseoir la position des EAU et susciter l'intérêt des talents étrangers.
Les EAU se targuent d'être le premier au monde à avoir créé un ministère de l'intelligence artificielle, et entendent attirer les meilleurs talents étrangers spécialisés dans l'IA. Le pays surfe sur son image « expat friendly » et son cadre privilégié (Golden visa, avantages fiscaux…) pour s'imposer face à ses concurrents. L'Émirat consolide aussi sa position sur le marché des cryptomonnaies où, là encore, les talents étrangers sont recherchés.
Les EAU ont également inauguré la première université au monde dévolue à la recherche sur les intelligences artificielles. En janvier 2024, la capitale fédérale Abu Dhabi met en place un Conseil de l'IA et des technologies avancées chargé d'intégrer les intelligences artificielles au sein des stratégies de l'État en matière de recherche et d'investissement. Spécialiste en cybersécurité, développeur, ingénieur, ingénieur réseau, directeur de la technologie, architecte cloud, consultant, data analyst, data scientist, business analyst, directeur du développement digital… Les postes liés à l'innovation et aux intelligences artificielles se multiplient, surtout à Dubaï et Abu Dhabi.
IA : davantage d'opportunités d'emploi à l'international
Quelles opportunités d'emploi pour les candidats à l'expatriation ? Ces milliards d'investissements impliquent de multiples opportunités d'emploi à l'international. IBM Cloud, Amazon Web Service, Microsoft Azure, Salesforce, NVIDIA, Alibaba Cloud, Nauto (IA spécialisée dans la sécurité des conducteurs), Tempus (IA spécialisée dans l'analyse de données médicales), (analyse de données) ou Socure (sécurité, lutte contre la fraude) font partie des plus grandes entreprises mondiales spécialisées dans l'IA.
En France, l'agence publique pour l'emploi recense plus de 3500 offres sur son site Internet. Les principales offres se trouvent en Île-de-France, sur la côte Ouest, dans la région lyonnaise et dans le sud. Les ingénieurs de recherche et développement (R&D) en IA, ingénieurs en IA, développeurs, data scientists, chefs de projet IA, consultants et docteurs en IA font partie des métiers les plus demandés. , la plateforme de recherche d'emploi lancée par le gouvernement, relève des offres de concepteur, d'analyste, ou de programmeur en IA. veut être un nouveau hub mondial de l'IA. Pour ce faire, elle recrute notamment des chercheurs et des universitaires très qualifiés et promet de « nombreuses perspectives d'emplois novateurs ».
vise les talents étrangers internationaux dans ces différents pôles d'activités. Même optique pour , , , , et . De nombreux secteurs d'activités se développent en intégrant les intelligences artificielles. Les géants Google, Meta ou Amazon se sont lancés sur le marché mondial de la santé. Si Amazon Care, le service de santé en ligne d'Amazon, s'est arrêté en 2022 (après un lancement en 2019, d'abord pour les salariés d'Amazon), l'entreprise continue d'investir massivement dans l'e-santé. Dans l'aéronautique, , , , , ou encore développent davantage de postes relatifs à l'IA.
Métiers de l'IA : les secteurs qui recrutent
Outre la santé, l'automobile, l'industrie, l'assurance, le marketing, l'aéronautique, la défense, la sécurité, la banque, les médias, les divertissements, le tourisme, l'environnement, l'éducation, et le commerce de détail sont les secteurs les plus impactés par la montée en puissance des intelligences artificielles. Ce sont autant d'opportunités d'emploi pour les professionnels étrangers qualifiés et très qualifiés.
L'IA va même là où l'on ne l'attendait pas. Dans les cabinets et services comptables, certaines tâches sont désormais confiées aux IA. Même constat dans les banques et les assurances. Les juristes sont également sollicités. Les GAFAM font appel à des professionnels du droit pour se lancer sur le complexe marché européen, plus réglementé que celui des États-Unis (en matière de santé et d'utilisation des données, par exemple).
Quelles études suivre pour concilier carrière à l'étranger et IA ?
Tout dépend du secteur d'activité dans lequel on souhaite faire carrière à l'étranger. Les aspirants data analyst s'orienteront vers des études en informatique, en statistiques, en management et/ou en marketing. Ils se spécialiseront en étudiant, par exemple, les méthodes informatiques appliquées à la gestion d'entreprise, l'analyse des données et des systèmes connectés, ou le Big data. Les futurs ingénieurs-cogniticiens prépareront un diplôme d'ingénieur en sciences cognitives, en mathématiques appliquées ou en informatique, avec une formation en sciences humaines.
Il existe également des formations spécifiques en intelligence artificielle : développement 3D, probabilités, architecture matérielle, conception de systèmes d'IA, mathématiques appliquées, droit de l'informatique, data mining (exploration de données), Big data. Parmi les diplômes préparés, on peut citer la licence Informatique, Science des données, le master Mathématiques de l'IA, le master Informatique, Parcours Machine Learning and Data Mining, etc.
Les juristes, avocats et autres professionnels du droit complèteront leur formation par une spécialisation dans les IA. Même démarche pour les métiers des ressources humaines, du recrutement ou de la santé. Car si de nouveaux postes sont créés ou profondément modifiés par l'IA, d'autres ne sont impactés qu'à la marge. Si l'on vise une carrière internationale, l'idéal est de s'orienter vers cette branche le plus tôt possible. Intégrer une université à l'étranger ou suivre un cursus international est un plus sur le CV et pour la future recherche d'emploi.
Quel visage pour le marché du travail international de demain ?
La progression rapide de l'IA soulève des questions d'ordre éthique. Comment préserver la protection de la vie privée ? Comment s'assurer de la bonne conservation des données ? Comment garantir plus de transparence ? Comment respecter le droit d'auteur ? De nouveaux métiers d'experts sont créés pour évaluer la conformité des IAs avec les législations des pays, et leur impact sur les individus. Des avocats spécialisés dans les IA s'emploient au contraire à attaquer les entreprises qui ne se conforment pas au droit, ou qui menacent les libertés fondamentales. Les artistes montent aussi au créneau, contre l'IA générative, accusée de plagiat.
Pour les candidats à l'expatriation, la course mondiale aux IA est une opportunité à double tranchant. Car si l'IA crée et/ou modifie de nombreux métiers, elle en menace ou en détruit aussi beaucoup. La vague de licenciements de la Tech se poursuit. Cela n'empêche pas les géants du secteur de continuer de recruter à l'international. Mais le turnover paraît bien plus rapide aujourd'hui. Twitch, Duolingo, Audible, Salesforce, Amazon, Google ou Discord se sont séparés d'une partie de leurs salariés pour les remplacer par l'IA. C'est le cas de Duolingo, qui a congédié 10 % de son personnel en début d'année. Ironie du sort : les ingénieurs sont parfois à l'origine même du développement de l'IA qui les remplace.
Verra-t-on toujours se multiplier les offres d'emploi pour les talents étrangers ? Tout dépend de quelles offres d'emploi on parle. Les meilleurs postes, réservés aux professionnels très qualifiés, seront vraisemblablement toujours là . En revanche, les postes déjà soumis à la concurrence de l'IA risquent d'être encore plus menacés à l'avenir. De l'aveu des chercheurs, les futurs expatriés ont tout intérêt à continuer leur formation pour rester dans la course. L'IA n'a pas fini de transformer le marché du travail international.