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Retour de Trump aux États-Unis : quel impact sur l'émigration ?

drapeau americain
Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 13 Novembre 2024

Durant la campagne, certaines voix laissaient entendre un possible départ en cas de retour de Donald Trump aux affaires. Les paroles se transformeront-elles en faits réels ? Les États-Unis et leur nouvelle politique « America first » pourront-ils se passer des talents locaux et étrangers ?

Faut-il s'attendre à une vague d'émigration ?

L'élection présidentielle américaine n'impacte pas seulement les États-Unis. Elle touche le monde entier. Un monde encore sonné par le retour de Trump, qui a fait démentir tous les sondages. Depuis les premiers jours de la campagne, des Américains ont affirmé qu'ils quitteraient le pays si Trump l'emportait. Ces affirmations ne sont pas nouvelles. En 2016, déjà, un certain nombre de locaux entendait émigrer en cas de victoire de Trump. Des allégations rarement suivies d'effets. Par le passé, après la réélection de George W. Bush ou lors de la guerre du Vietnam, des Américains manifestaient leur opposition à la politique en place en promettant de quitter le pays.

D'après les experts en expatriation, ces affirmations se concrétisent rarement. En effet, toutes les enquêtes montrent que les principaux motifs d'une expatriation sont plutôt l'amélioration de la qualité de vie, le travail, la carrière professionnelle, ou encore, la découverte d'une culture et l'apprentissage d'une langue. L'expatriation pour motif d'opposition à la politique de son pays n'apparaît pas. Mais d'aucuns estiment que cette élection aura un impact plus fort sur les envies d'expatriation.

Ces Américains qui quittent les États-Unis

Il convient d'insister sur le fait que ces projets d'expatriation ne sont pas nés avec le retour de Trump au pouvoir. Le phénomène s'observe sur une durée bien plus longue et combine un rejet de la politique conservatrice, une crainte devant la montée de la violence (notamment à cause des armes) et les risques de paupérisation. 

En 2016, plusieurs Américains avaient sauté le pas : des retraités, des travailleurs, des familles… Leurs raisons se rejoignent. Ils veulent maîtriser leur pouvoir d'achat, améliorer leur qualité de vie et vivre dans un pays « plus juste ». Ces nouveaux expats choisissent l'Europe (surtout l'Espagne, le Portugal ou la France), le Canada, l'Australie, le Mexique, la Thaïlande… De l'autre côté de l'échiquier politique, on trouve aussi des Américains hostiles à la politique démocrate. Les dernières élections l'ont montré, avec des locaux prêts à quitter le pays en cas de victoire de Harris. Ils choisissent les mêmes destinations que leurs « opposants » et avancent presque les mêmes arguments, mais tournés à la défaveur des démocrates. 

Autre point commun entre les deux camps : leur détermination. Des entrepreneurs ont senti le bon filon et se sont lancés dans l'aide à l'expatriation des Américains. Mais les problèmes ne s'arrêtent pas à l'arrivée dans le pays d'accueil, au contraire. Les Américains partis pour fuir le conservatisme se disent préoccupés par la montée de l'extrême droite en Europe ou en Australie.

Une Amérique trop chère pour les jeunes Américains

Aux États-Unis, la génération Z rêve d'expatriation. Un rêve moins motivé par un réel attrait pour l'étranger que par une impossibilité de vivre dans son propre pays. Ces jeunes émigrés dénoncent le coût de la vie, bien trop cher, et les salaires, toujours trop bas. Chez eux, l'augmentation du coût de la vie est le principal motif d'expatriation. Grande absente des débats entre les deux candidats à la présidentielle, la dette étudiante pèse pourtant lourd. En juin 2024, la dette étudiante culmine à environ 1 700 milliards de dollars (+42 % en 10 ans). 43 millions d'Américains ont une dette étudiante à rembourser, dont un quart des moins de 40 ans.

Pour les candidats au départ comme pour ceux qui restent, la dette étudiante est un sujet crucial. L'explosion des frais de scolarité les plonge dans la précarité avant même leur entrée dans la vie active. L'exaspération est encore plus forte chez les Américains issus de l'immigration, pour qui les projets d'expatriation sont aussi liés à la montée des discriminations. En septembre 2023, l'administration Biden a lancé SAVE (Saving on a valuable education), plan de sauvetage annulant partiellement la dette étudiante. Mais en août 2024, la cour d'appel bloque l'initiative invoquant un manquement aux règles constitutionnelles. 

Les futurs émigrés ne croient plus au « rêve américain ». Devenir propriétaire, avoir un « bon » logement et un « bon » travail relève désormais de l'utopie. Les experts suivent la tendance d'un œil inquiet. Car selon eux, cette fuite pourrait impacter la croissance américaine à moyen et long terme. De jeunes expats ont déjà trouvé leur addition gagnante : télétravailler depuis l'étranger.

États-Unis : ces expatriés qui plient bagage

Les Américains ne sont pas les seuls à émigrer. Publié peu de temps avant la présidentielle américaine, l'étude , décernée par la société Greenback Expat Tax Services, a été remis aux nouveaux pays favoris des expats interrogés. Fait notable : les États-Unis ne font pas partie des favoris. Le Royaume-Uni sort grand gagnant, devant le Canada, l'Allemagne, la France et l'Australie. Le Royaume-Uni est pourtant l'un des pays ayant considérablement durci sa politique migratoire. Sans l'imiter, le Canada, l'Australie et la France ont également durci leurs mesures. Même s'il est connu pour sa politique stricte, les États-Unis restent traditionnellement une destination de choix pour les expats.

Mais tout comme pour les Américains, l'émigration des étrangers est un phénomène plus lointain. Le nombre d'immigrants européens, par exemple, diminue depuis les années 80. En 2022, on compte un peu plus de 4,7 millions d'immigrés européens, soit 10 % du nombre total d'immigrés (chiffres : Migration Policy Institute). Une faible majorité de ces immigrés (41 %) est parentée avec un citoyen américain. Juste derrière eux, 30 % des immigrés ont obtenu leur carte verte. Les Européens délaissent progressivement les États-Unis pour immigrer dans d'autres pays européens. Les ressortissants de l'Union européenne (UE) profitent des avantages de leur citoyenneté pour travailler et résider dans d'autres pays de l'UE.

Observe-t-on un « désir d'émigration » plus grand chez les détenteurs d'un permis de séjour ? S'il est encore trop tôt pour arrêter des conclusions, on sent une montée d'inquiétude chez les étrangers. Les étudiants craignent une hausse de leurs frais de scolarité et un plafonnement du nombre de visas délivrés. Les travailleurs redoutent un durcissement des conditions d'attribution du visa et des règles du regroupement familial. Mais pour l'instant, « Let's wait and see ».

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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