Dans une économie mondialisée, les professionnels de la finance ont tout à gagner à s'installer dans un centre financier international. Ils pourront ainsi acquérir une expérience professionnelle inestimable et ajouter un avantage concurrentiel à leur CV. Cela fait un moment déjà depuis que certaines villes, comme New York et Singapour, jouissent de la réputation d'être de solides centres financiers, tandis que d'autres, à l'instar du Luxembourg, commencent seulement à s'imposer comme des destinations de choix du secteur financier.
Les avantages d'être un professionnel de la finance à l'étranger
Selon une étude réalisée en 2015 par le cabinet de conseil en ressources humaines Robert Half, 59 % des dirigeants du secteur de la finance accorderaient une grande valeur à l'expérience professionnelle internationale. C'est le cas notamment lorsqu'ils décident des personnes à promouvoir aux postes les plus élevés. C'est aussi ce qui se passe dans les grandes multinationales, qui valorisent fortement la connaissance de première main du marché mondial ainsi que des normes bancaires, réglementaires et comptables internationales.Ìý
Ces dirigeants apprécient aussi que les professionnels ayant une expérience internationale, possèdent de meilleures compétences en langues étrangères et en communication, ainsi qu'une expertise technique, une connaissance des produits spécifiques et une éthique de travail. Vu le caractère cosmopolite des centres financiers, il est généralement admis que ces employés auront été déjà exposés à une grande palette de nuances culturelles, d'étiquettes commerciales et de langues, donc plus à même de travailler dans l'International. Ils auront de meilleures capacités d'adaptation et une plus grande résilience face aux phases formatives.
La concurrence pour les emplois de haut niveau dans la finance est toujours rude. Dans ce contexte, l'exposition internationale se pose comme un atout majeur qui permet de distinguer un professionnel d'un autre qui aurait les mêmes diplômes ou le même nombre d'années d'expérience. Si un expatrié rentre chez lui après deux à cinq ans passés à travailler dans un centre financier étranger, comme Genève ou Singapour, il aura plus de poids dans ses négociations pour un salaire élevé dans son pays d'origine.
Selon Investopedia, le professionnel de la finance peut bénéficier d'encore plus d'avantages dans certains pays d'accueil. Faible impôt sur le revenu ou quasiment inexistant dans plusieurs centres financiers comme Dubaï (zéro) et la Suisse (faible). Dans d'autres centres financiers internationaux, vous avez la possibilité de percevoir vos salaires dans les plus importantes devises du monde, comme le dollar américain ou l'euro. Et si vous êtes originaire d'un pays dont la monnaie est plus faible, votre pouvoir d'achat et votre épargne à long terme en tireront d'énormes profits. Les primes pour les professionnels de la finance sont également très élevées dans certains centres financiers.Ìý
Si vous avez été recruté directement par une entreprise étrangère, celle-ci paiera probablement votre logement, au moins pendant la période de transition. Vous pourriez recevoir également une allocation de subsistance, surtout si vous avez été affecté à l'étranger par une multinationale pour laquelle vous travailliez déjà dans votre pays. Le droit du travail de votre pays d'expatriation peut aussi offrir d'autres avantages, comme des congés payés plus longs.
Le phénomène de la Grande Démission pendant la pandémie a débouché sur de nombreux postes vacants dans les centres financiers internationaux. C'est donc un excellent moment pour se repositionner. Business Mauritius, l'organisme de coordination des entreprises mauriciennes, note dans un article de janvier 2022 que la collaboration plus étroite entre le Luxembourg et Maurice a fait que le secteur financier luxembourgeois aura recruté de nombreux comptables et auditeurs mauriciens au cours des dernières années, ce qui coïncide avec le phénomène la Grande Démission.
Où s'expatrier pour travailler dans la finance ?
LuxembourgÌý
Selon la section "conseils de carrière" d'Emolument, le Luxembourg est la meilleure destination européenne pour les professionnels de la finance. Bien que les primes annuelles y soient inferieures comparées à d'autres centres financiers. Les salaires de base y sont élevés et il y existe un excellent équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ce qui en fait, dans l'ensemble, un centre financier des plus attrayants. Ainsi, bien que le pays ne soit pas vraiment doté d'une culture de la compétition agressive propice à la réussite, le Duché offre, en contrepartie une stabilité inégalée aux professionnels en milieu de carrière.Ìý
C'est une destination particulièrement intéressante pour les comptables et les auditeurs. Selon le site web de l'ACCA, les quatre grands cabinets comptables (PwC, EY, KPMG, Deloitte) sont bien établis au Luxembourg. Ces deux types de professionnels de la finance perçoivent la deuxième meilleure rémunération moyenne de toute l'Europe soit environ 50 500 euros (Emolument).
Le Luxembourg a aussi d'autres avantages en tant que destination pour les expatriés. Il offre un environnement de travail progressiste, avec l'écart salarial entre hommes et femmes le plus faible d'Europe - 0,7 % selon Eurostat. Il est très favorable aux expatriés, 70 % des 630 000 résidents étant originaires de 160 pays étrangers différents. Toujours selon le site web de l'ACCA, l'accessibilité des sites naturels et la proximité de toutes les autres grandes villes européennes font du Luxembourg un pays de choix, attractif notamment pour les expatriés.
La Suisse
La Suisse jouit d'une réputation de longue date dans les domaines de la banque et de la gestion d'actifs, notamment dans ses principaux centres financiers que sont Genève et de Zurich. Selon le site officiel de la ville de Genève, le pays gèrerait 27 % de la fortune privée offshore mondiale, le pourcentage le plus élevé de tous les centres financiers. La Suisse est également à l'avant-garde de nouveaux secteurs comme la fintech et la finance durable ; elle a même combiné les deux pour lancer le Green Fintech Network en 2020.
Trois aspects se distinguent dans le secteur de la finance suisse : des salaires de base très élevés, des bonus très élevés et une fiscalité faible. Indépendamment du secteur La Suisse offre les meilleurs salaires aux professionnels de la finance dans toute l'Europe. Par exemple, les postes de compensation et de conseil dans les banques sont payés 116 000 € en moyenne en Suisse, alors que la moyenne britannique est de 80 000 € (Emolument). Les bonus sont également très compétitifs : dans le secteur de la gestion de patrimoines, la moyenne est de 23 000 €.Ìý
Même si Genève et Zurich restent parmi les villes les plus chères du monde, un professionnel de la finance bien rémunéré peut se permettre d'y vivre. La législation fiscale locale facilite également l'acquisition des biens. L'impôt sur le revenu est plafonné à 11,5 %, et aucun impôt n'est prélevé sur les biens immobiliers, les investissements et les établissements permanents des étrangers.
New YorkÌý
Pendant que Londres se retrouve plombé par le Brexit, New York reste le plus grand centre financier du monde. Elle abrite Wall Street et deux des plus grandes bourses en termes de capitalisation boursière, le NYSE et le Nasdaq. Avec ses 600 entreprises dans les technologies financières, la ville américaine abrite ainsi la plus grande industrie fintech au monde. Malgré l'inflation galopante, les primes sont restées extrêmement compétitives aux États-Unis : en 2021, les primes à Wall Street atteignaient une moyenne record de 257 500 dollars.Ìý
En revanche, si vous privilégiez l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée plutôt que les gros bonus, New York n'est peut-être pas le meilleur choix pour une carrière dans la finance. En février 2022, Le New York Times rapportait que les banquiers d'affaires de New York se plaignaient d'une trop forte pression au travail et d'horaires trop longs. Goldman Sachs, notamment, a même vu 15,2 % de ses effectifs partir à la suite du phénomène de la Grande Démission. Les banquiers d'affaires débutants se disaient épuisés par des semaines de travail de 110 heures.
Émirats Arabes Unis (EAU/Dubaï)
Les Émirats Arabes Unis sont régulièrement classés parmi les meilleures destinations pour les expatriés dans le Golfe et constituent de facto le centre financier de la région MEASA (Moyen-Orient, Afrique, Asie du Sud). D'autre part, Dubaï a démontré sa détermination à rester ouvert aux travailleurs étrangers, en imposant moins de restrictions aux frontières que d'autres pays pendant la pandémie. À noter, en effet, que 82 % de sa population est d'origine étrangère.Ìý
En juillet 2022, le prince héritier de Dubaï a annoncé une nouvelle "stratégie métaverse" visant à créer 400 000 nouveaux emplois au cours des cinq prochaines années, notamment dans la fintech et les crypto-monnaies. Selon le magazine Fortune, le pays a été l'un des premiers à accorder des licences d'opération aux bourses de crypto-monnaies. Dubaï est donc une destination de choix pour les professionnels de la finance intéressés par la fintech.
Singapour
Ce géant financier asiatique est celui qui a le plus profité de l'exode des professionnels de la finance de Hong Kong. Si à Singapour les rémunérations sont inférieures comparées à Hong Kong, elles n'en restent pas moins très élevées. De nombreux professionnels préfèrent la stabilité politique et économique de Singapour à une rémunération légèrement supérieure. Comme Hong Kong, Singapour utilise également l'anglais, la lingua franca mondiale.Ìý
Le Global Financial Index classe Singapour très haut en termes d'aptitude à adopter les nouvelles technologies et le développer de nouveaux marchés. C'est pour cette raison que Singapour est actuellement le leader en Asie pour les fintechs et les crypto-monnaies. La ville-état est également considérée comme une importante plaque tournante de la gestion d'actifs et de fonds, avec 250 entreprises qui s'y consacrent exclusivement.Ìý
En revanche, les expatriés donnent une mauvaise note à Singapour en ce qui concerne l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et le coût de la vie, tout comme à New York. Selon une étude réalisée en 2022 par la compagnie d'assurance américaine Cigna, 95 % des expatriés occupant des postes à responsabilité à Singapour, y compris dans la finance, se sentent épuisés. Le coût du logement et la charge de travail sont cités comme les principaux facteurs de stress.
Les autres destinations
Les centres financiers de Londres, Shanghai et Hong Kong sont actuellement confrontés à des défis que les autres hubs ne connaissent pas. Il est donc plus difficile de les recommander pour le moment.Ìý
Le sort de l'industrie financière du Royaume-Uni reste encore incertain alors que les conséquences du Brexit se font toujours sentir. Le gouvernement britannique met en œuvre des mesures pour relancer la City, mais plus de 7000 emplois dans la finance se sont déjà relocalisés dans les pays de l'UE (Consultancy.uk). Quant à Shanghai, le foyer de la troisième plus grande bourse du monde reste fermé à la plupart des nouveaux expatriés depuis mars 2020, date à laquelle les frontières nationales de la Chine ont été fermées en raison d'une énième vague de COVID-19. Hong Kong partage aussi ces difficultés : l'accès à la ville est devenu compliqué en raison des quarantaines obligatoires et de la lourdeur administrative, et depuis 2014, on assiste à un exode des expatriés en raison de l'instabilité politique.
Amsterdam et Dublin deviendront probablement des centres financiers de premier plan au cours de la prochaine décennie. Dublin est la ville européenne qui a accueilli la majeure partie des emplois délocalisés du Royaume-Uni en raison du Brexit. Le pays jouit d'une stabilité politique saine et son environnement fiscal est favorable aux entreprises. Cela aura permis à l'Irlande de se développer en centre technologique pour de grandes sociétés comme Google, Meta et TikTok. Dublin se construit d'ailleurs, une solide réputation en matière de développement dans l'industrie de la fintech.Ìý
Sinon, selon World Finance, Amsterdam connaît également un boom des fintechs. La capitale néerlandaise a également attiré de nombreuses entreprises précédemment basées au Royaume-Uni en raison de sa réglementation très souple.