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Assouplissement des règles de visa : allons-nous vers un monde sans frontières ?

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Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 21 Octobre 2024

Développement de l'e-visa, programmes transnationaux de suppression des frontières… Le monde de demain sera-t-il un monde totalement ouvert ? Le modèle Schengen inspire et pourrait bien se développer dans d'autres régions du monde. Mais encore, faudrait-il qu'il concerne tous les citoyens. Le monde sans frontières peut-il coexister avec une recrudescence des normes restrictives ?

Libre circulation : la fin des frontières ?

Le système Schengen s'exporte bien. Le Conseil de coopération du Golfe, l'Union africaine et l'Asie du Sud-Est s'en inspirent pour créer leur propre espace sans frontières. Car, pour rappel, le visa Schengen « est une autorisation délivrée par un État Schengen qui permet aux voyageurs d'entrer dans l'espace Schengen » (définition du Conseil européen). Il est réservé aux courts séjours (90 jours maximum sur une période de 180 jours) et aux transits par les aéroports des États Schengen. Les 27 pays de l'Union européenne (UE), ainsi que l'Islande, la Suisse, la Norvège et le Liechtenstein délivrent le visa Schengen.

La libre circulation au sein d'une zone définie est l'un des principaux avantages du visa Schengen. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) s'est inspiré de ce modèle pour un visa commun pour des pays du Golfe. Prévu pour entrer en vigueur en 2025, ce visa unique permettra d'entrer dans les 6 pays membres du CCG : les Émirats arabes unis, le Bahreïn (EAU), le Qatar, le Koweït, Oman, et l'Arabie saoudite. Un voyageur titulaire du visa pour l'un des pays du Golfe pourra librement voyager au sein des autres États du CCG. La mesure vise à renforcer la coopération entre les États du Golfe tout en facilitant la circulation des voyageurs touristiques et professionnels. Le CCG table sur une hausse des investissements et une meilleure croissance économique.

La Thaïlande a lancé une initiative similaire pour les pays d'Asie du Sud-Est. L'objectif est le même que pour la CCG : soutenir la croissance, dynamiser le tourisme, attirer les investisseurs étrangers. Le Cambodge, le Vietnam, le Laos, la Malaisie et la Birmanie participeraient au programme. La Thaïlande a déjà négocié des exemptions de visa avec la Chine, mais aussi avec Taïwan, l'Inde, et le Kazakhstan (de manière temporaire).

Faciliter la circulation des voyageurs : vers une Afrique sans frontières ?

La fin des frontières : c'est aussi le souhait de l'Union africaine (UA) pour contrer les inégalités entre « passeports puissants » et « passeports faibles », faciliter les expatriations au sein du continent et doper la croissance. C'est en juillet 2016 que l'UA lance son « passeport du continent africain » inspiré du modèle de libre circulation pour les citoyens européens. Le lancement est plutôt une expérience, puisque seules quelques poignées de hauts ministres et fonctionnaires bénéficient de la mesure. À l'époque, on parie sur une Afrique sans frontières à l'horizon 2026. Là encore, le projet s'inspire des accords de Schengen.

Révolution du panafricanisme ou utopie ? En 2022, un rapport publié lors de la Conférence économique africaine note qu'à peine 27 % des États d'Afrique ne demandent aucun visa aux Africains. Les critiques reprochent à l'UA des effets d'annonces sans lendemain. L'UA se défend en soulignant les avancées (comme la signature du Protocole sur la libre circulation des personnes en 2018). Des avancées certes lentes, mais encourageantes.

Visas : assouplissement des règles au niveau régional

Le Bénin, la Gambie, les Seychelles, le Rwanda et plus récemment le Kenya (depuis le 1er janvier) font ainsi figure de bons élèves. Ces pays ont supprimé le visa pour les Africains et invitent leurs voisins à les suivre. Pour eux, il n'est pas normal qu'un Africain puisse se rendre sur un autre continent sans visa, mais soit bloqué aux frontières d'un pays voisin. Le nouveau modèle Kenyan fait néanmoins polémique. La « suppression » du visa a été remplacée par une autorisation de voyage obligatoire et payante (30 dollars) à détenir 72 heures avant le départ. Les Africains qui, jusque là, pouvaient voyager librement au Kenya se sentent floués. On est loin du modèle européen.

Il faudra donc encore attendre avant de voir un véritable passeport africain. Si l'initiative semble pour l'instant compromise au niveau du continent, elle est plus abordable au niveau régional. En juin, 5 pays de la South African Development Community (SADC) annoncent mettre au point un visa commun pour développer l'économie et le tourisme. La Zambie et le Zimbabwe avaient déjà lancé leur programme «  ». C'est ce programme que rejoignent 3 autres membres de la SADC : l'Angola, la Namibie et le Botswana. À terme, le projet devrait s'étendre aux autres États de la SADC.

Assouplissements et restrictions : est-on vraiment dans un monde globalisé ?

A priori, tout montre que l'on tend vers un monde sans frontières. Les initiatives impulsées par les organisations d'États s'ajoutent à celles expérimentées par les pays. Depuis le 1er octobre, le Sri Lanka teste les visas touristiques gratuits. Pensé pour durer 6 mois, le programme délivre des visas touristiques de 30 jours aux citoyens de 35 pays (notamment l'Inde, la Chine, la France et les États-Unis). Plus tôt, en avril, l'UE annonce un assouplissement des règles de visa pour les ressortissants d'Oman, du Bahreïn et de l'Arabie saoudite. Arabie saoudite qui a aussi facilité les règles pour les détenteurs d'un visa Schengen, américain ou britannique : ils ont désormais accès au visa électronique.

Le visa numérique joue un rôle déterminant dans l'accélération des flux de mobilité internationale. Cameroun, Brésil, Philippines, Australie, UE, États-Unis, Canada, Ethiopie, Inde, Corée du Sud… De plus en plus de pays se mettent à l'heure du numérique. Le e-visa promet d'en finir avec la bureaucratie et offre un gain de temps considérable aux voyageurs. Mais il révèle aussi les profondes disparités entre les États.

Une globalisation qui masque d'importantes inégalités

C'est la grande limite du courant de pensée « sans frontières ». Si les frontières disparaissent bien pour certaines nationalités, elles restent présentes pour les autres, et ont même tendance à se renforcer. Confèrent les durcissements des règles migratoires et les écarts entre les « passeports puissants » et les « passeports faibles ».

D'après le classement 2024 réalisé par les consultants Henley & Partners, le passeport singapourien est le plus avantageux ; il permet de se rendre dans 195 pays sans visa (la moyenne mondiale est de 111 pays accessibles sans visa). Une majorité de pays européens (Allemagne, Italie, France, Danemark, Suède…) se situe dans le top 10, avec les États-Unis, le Japon, les EAU, le Canada, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. En Amérique latine, le Chili et l'Argentine sont en tête, avec respectivement 176 et 172 destinations (accessibles sans visa). En Afrique, les Seychelles, Maurice et l'Afrique du Sud sont les pays proposant le plus de destinations accessibles sans visa (respectivement 156, 150 et 106).

Le « monde global sans barrière » masque d'importantes restrictions selon les nationalités. Le durcissement des règles de l'immigration qui gagne l'Europe a un impact direct sur la mobilité internationale. Certains ressortissants étrangers font face à un taux de refus plus important que les autres (cas des étudiants africains au Canada, des artistes africains et asiatiques souhaitant se produire en Europe, etc.). Selon les experts, ces différences, qui tendent à s'accroitre, sont révélatrices des inégalités sociales dans le monde. Des inégalités qui impactent directement la mobilité internationale, et agrandissent le fossé entre pays riches et pays pauvres.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

Commentaires

  • lucienmex
    lucienmexil y a 2 mois

    Bonjour,


    " allons-nous vers un monde sans frontières ?"


    Non, il n'ya qu'a suivre les actualités. Et c'est tres bien comme cela, quoiqu'en disent certains pleureurs dans les pays occidentaux. L'union européennes ainsi que toute l'Amérique du nord.


    Alors le visa, c'est un luxe de pays occidentaux, qui plus que jamais vont livre ensemble en laissant de cocote le reste du monde, sauf pour de la main d'œuvre et compenser la dénatalité.


    Lucienmex

  • creta
    cretail y a 2 mois

    Bonjour, Inégalité certes mais impuissance face au tout numérique et ou biométrique à l’aéroport remplaçant l'humain pour une question budgétaire et de gain de temps.


    Ainsi le passeport est amené a disparaitre comme le proposent déjà les plus gros aéroports du monde avec le pré-enregistrement pour vous éviter les attentes..


    Nos visages seront dans des bases de données soigneusement protégés, nous dit-on..


    Risque-t-on la prison à l'avenir si on ne souhaite pas de smartphone ou si on repasse aux vieux Nokia qu'a par trianguler nos déplacement ne dévoilent que très peu sur nos vies ?!


    Certains aiment étaler leurs vies mais pas tous..


    C'est hors sujet mais dans le thème..


    a+




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