
Comment favoriser l'emploi des locaux et des expatriés ? À chaque État sa formule ; celles observées dans un certain nombre de pays semblent plutôt aller vers un durcissement des règles de l'immigration pour encourager le recrutement des travailleurs locaux. Une bonne coopération entre travailleurs locaux et étrangers reste néanmoins possible. Face aux pénuries de main-d'œuvre, difficile de se passer des travailleurs étrangers. Voici un aperçu de ce qui se passe dans les destinations les plus populaires pour les professionnels étrangers.
Allemagne : importantes mises à jour concernant le visa de long séjourÂ
L'Allemagne simplifie les règles pour les travailleurs qualifiés, les demandeurs d'emploi et les étudiants non européens. La Carte bleue européenne s'ouvre à davantage d'expatriés qualifiés. Les professionnels des secteurs sous tension (informatique, santé…) bénéficient de conditions plus souples. Les demandes de visa peuvent désormais s'effectuer en ligne. Les candidats étrangers peuvent immigrer en Allemagne tout en remplissant un nouveau formulaire de reconnaissances des qualifications. Cette nouveauté facilitera la recherche d'emploi des expatriés qualifiés.
Royaume-Uni : nouveau système permettant de convertir un statut de résident en statut de résident permanent
Les étrangers relevant du système de règlement des différends de l'UE (EUSS) ont un statut « pré-établi » ou « établi ». Le nouveau système mis en place par le ministère britannique de l'Intérieur convertira automatiquement les statuts « pré-établissement » éligibles en statuts de résident permanent. Auparavant, les titulaires du statut « pré-établi » devaient résider 5 ans sur le territoire avant de demander leur statut « établi » à l'EUSS. Un e-mail sera envoyé aux personnes éligibles. Les premiers statuts « automatiques » de résidents permanents ont commencé à être délivrés fin janvier 2025. Mais l'automatisation n'empêche pas de . Les immigrants dont le statut « pré-établi » expire bientôt bénéficient d'une prolongation de 5 ans. Â
Dernières informations concernant le visa High Potential Individual (HPI)
Les étudiants d'universités actuellement non éligibles pourraient prochainement accéder au . Pour concurrencer les autres puissances dans la course à l'intelligence artificielle (IA), le Royaume-Uni souhaite recruter davantage de talents étrangers. La réforme du visa HPI s'inscrit dans un projet de réforme migratoire plus vaste visant à attirer diplômés étrangers des meilleures universités du monde. Le visa, actuellement ouvert aux diplômés des 40 universités éligibles (principalement américaines), permet de travailler au Royaume-Uni sans avoir besoin d'une offre d'emploi. La réforme prévoit d'élargir le nombre d'universités éligibles, en incluant notamment les établissements indiens portés sur l'IA.
Permis de travail 2025 : les dernières nouvelles
Face aux pénuries de main-d'oeuvre, le Royaume-Uni cible davantage les étrangers qualifiés. Pour les attirer, il abaisse le seuil salarial exigé dans certains secteurs en tension. Le s'étendra à un plus grand nombre de pays. Le visa d'Innovateur () est simplifié pour élargir le nombre d'entrepreneurs étrangers éligibles. En revanche, les frais de visas augmenteront en 2025.
Écosse : nouveau visa pour les étrangers diplômés
Pour attirer et retenir davantage de talents étrangers, le gouvernement écossais propose le «  ». Valable 2 ans, le visa ferait le pont entre le permis d'étude et de travail. Les étudiants éligibles n'auraient plus à attendre le seuil salarial exigé par l'exécutif du Royaume-Uni pour travailler. Cette nouvelle initiative rappelle la résolution du gouvernement écossais de fonder sa propre politique migratoire. Mais le gouvernement du Royaume-Uni a rejeté la proposition de l'Ecosse.
Finlande : partenariat avec les Philippines pour recruter des travailleurs étrangers
Signature d'un partenariat promouvant la « mobilité du travail éthique » à l'occasion du 70e anniversaire des relations diplomatiques entre la Finlande et les Philippines (le 16 janvier). La Finlande fait toujours face à d'importantes pénuries de main-d'oeuvre, surtout dans les métiers de la santé, de l'industrie et des technologies. Le partenariat facilitera le recrutement de talents étrangers philippins. Ils étaient environ 12 770 en 2023 ; un chiffre voué à progresser. Mais le partenariat insiste sur la transparence du processus de recrutement et le respect des droits des travailleurs. Les expatriés philippins sont invités à candidater sur .
Permis de séjour : conditions plus dures pour les travailleurs étrangers
Le salaire minimum requis pour prétendre au permis de séjour a augmenté depuis le 1er janvier 2025. Les travailleurs étrangers doivent désormais gagner au moins 1 600 euros mensuels pour résider en Finlande, contre 1 339 euros mensuels, précédemment. Le relèvement du seuil salarial est justifié par la hausse du coût de la vie en Finlande. Cette augmentation concerne uniquement les nouvelles demandes de permis de séjour. Elle concernera les demandes de renouvellement à partir du 1er avril 2025.
Australie : importante mise à jour fiscale pour les expatriés et les non-résidents
Depuis le 1er janvier 2025, le régime de prélèvement à la source sur les gains en capital des résidents étrangers (FRCGW) impose aux non-résidents une taxe de 15 % sur le prix de vente ou la prime de location d'un bien immobilier en Australie. Cette disposition entre dans le cadre du régime de prélèvement à la source sur les gains en capital des expatriés.Â
Toujours plus de pvtistes
L'Australie a comptabilisé 206 000 pvtistes (détenteurs d'un permis vacances-travail (PVT)) en décembre 2024, dont 46 129 ressortissants britanniques. En cause : l'accord bilatéral signé entre le Royaume-Uni et l'Australie, applicable depuis le 1er juillet 2024. Les Britanniques peuvent désormais postuler jusqu'à leurs 35 ans, contre 30 ans pour les PVT ordinaires. Ils peuvent obtenir 3 PVT s'ils justifient avoir exercé un « emploi spécifique » durant 3 à 6 mois. Les professionnels du tourisme encouragent ces arrivées de travailleurs temporaires, vitales pour leurs affaires. Mais l'afflux de pvtistes pourrait contrarier l'objectif de l'État : réduire l'immigration.
Canada : des conditions plus dures pour le Permis de travail ouvert (PTO)
Depuis le 21 janvier 2025, les conditions d'accès au PTO ont été renforcées. Pour parrainer sa famille, le travailleur étranger doit posséder un permis de travail valide ou une , exercer une , vivre au Canada durant la durée de son permis de travail, et disposer d'au moins 16 mois de validité sur son permis de travail au moment où il reçoit la demande de rattachement du conjoint.
Québec : fin de l'aide à l'emploi pour les travailleurs étrangers temporaires
Depuis le 1er février, les travailleurs étrangers temporaires et leurs conjoints sont exclus des services publics d'aide à l'emploi. La décision inquiète les organismes concernés et les entreprises. Mais le gouvernement invoque des restrictions budgétaires pour justifier sa mesure. Seule exception à cette nouvelle règle : les étudiants étrangers titulaires d'un permis de travail post-diplôme.Â
Étudiants étrangers : plafond d'inscription pour 2025
Le Canada confirme la baisse de 10 % du nombre de permis d'études disponibles en 2025, soit 437 000 permis. Certaines catégories d'étudiants étant exemptés (étudiants en échange, par exemple). 316 276 des 437 000 permis d'études nécessiteront une demande de permis. Chaque province disposera d'un nombre maximum de permis d'études.
Émirats arabes unis : reconversion professionnelle dans l'enseignementÂ
Pour attirer les candidats vers l'enseignement (les EAU auront besoin d'au moins 30 000 enseignants d'ici 2030), le Département de l'Éducation et des Connaissances d'Abu Dhabi (ADEK) expérimente la reconversion professionnelle express. Le programme de l'ADEK, condensé sur un an, délivre un diplôme postuniversitaire en éducation. La formation est ouverte aux étrangers comme aux locaux, quel que soit leur profil. Seule exigence : être titulaire d'une licence, qu'importe le domaine. Les personnes intéressées peuvent . Pour cette première expérience, l'ADEK sélectionnera 125 candidats.
Koweït : les expatriés seniors peuvent rejoindre le secteur privé
Une nouvelle directive de l'Autorité publique du Koweït pour la main-d'œuvre (PAM) autorise les travailleurs étrangers de 60 ans et plus à transférer leur résidence obtenue grâce au parrainage familial vers une résidence professionnelle du secteur privé. La réglementation vise à faciliter les formalités pour les entrepreneurs étrangers.
Bahreïn : taxe sur les transferts de fonds des expatriés
Pour booster l'économie locale et réduire la dépendance au secteur pétrolier, le Parlement du Bahreïn a relancé son projet de taxer de 2 % les transferts de fonds des expatriés. Le projet initial, présenté en février 2023 et rejeté en janvier 2024, proposait une taxe de 1 à 3 % selon les montants des transferts. Les transferts de capitaux et investissements seraient exonérés. Mais le projet suscite la controverse. Ses contestataires prédisent un exode des riches expatriés, une hausse des transferts au marché noir, une fuite vers les cryptomonnaies et le blanchiment d'argent. Le projet de loi a néanmoins été voté le 31 janvier 2025. Une décision « historique », mais qui, selon le ministre des Finances, serait en conflit avec les traités sur la libre circulation des capitaux.
Oman : changements importants concernant la réforme de l'impôt sur le revenu
Le nouveau projet de loi du gouvernement augmente le seuil d'exonération d'impôt et abaisse le taux d'imposition maximum de 15 % à 5 %. Les travailleurs étrangers gagnant plus de 130 000 dollars par an devront payer l'impôt sur le revenu (auparavant, le seuil était de 100 000 dollars annuels). Si la loi est promulguée, Oman deviendrait le premier État du Golfe à établir un impôt sur le revenu des personnes physiques. Les pays du Golfe misaient justement sur la non-imposition pour attirer les riches étrangers. Cependant, ces mêmes pays légifèrent à présent pour diversifier leur économie et réduire leur dépendance au pétrole.Â
Singapour : mise à jour des règles concernant le permis de travail
Réforme actée pour l'Employment Pass, permis de travail mis en place pour les étrangers qualifiés. Depuis janvier, le salaire minimum exigé est passé à 6 200 dollars pour les professionnels de la finance, et à 5 600 dollars dans la majorité des autres secteurs (seuils requis pour ). Les candidats étrangers devront réussir une évaluation (COMPASS, basée sur un système à point) qui prend en compte leurs qualifications et leur expérience.Â
Corée du Sud : du nouveau pour répondre aux pénuries de main-d'oeuvre
Surfant sur sa popularité, la Corée du Sud lancera un projet pilote de visas régionaux l'an prochain. Les régions participantes seront sélectionnées en mars 2025. L'État souhaite toujours attirer plus d'étudiants et de travailleurs étrangers qualifiés. Depuis le 10 janvier, il teste une application mobile pour les expatriés, dont la validité est la même que la carte de résident. Il mettra également en place un système permettant de mieux mesurer le niveau de pénuries de main-d'oeuvre et les besoins en travailleurs étrangers. Les quotas actuels sont de 130 000 visas E-9 (emplois « non professionnels », travail manuel), 74 689 visas E-8 (saisonniers), 35 000 visas E-7-4 (travailleurs qualifiés), 23 300 visas E-10 (équipage de navire). Cette année, le gouvernement lance le visa E-7-3, programme pilote pour les techniciens (métiers de la construction et des manufactures).