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Investir en nue-propriété : le bon plan des expats pour lutter contre la crise du logement ?

maisons en France
Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 15 Octobre 2024

La crise immobilière mondiale s'est muée en crise du logement. Au Canada, aux États-Unis, en France, en Chine, au Portugal ou en Italie, les plans d'urgence se mêlent aux promesses politiques et électorales. Difficile pour les investisseurs d'y voir clair sur le long terme. Les experts de l'immobilier les dirigent vers une alternative, encore méconnue : l'achat en nue-propriété. Dans quels pays cet investissement immobilier est-il populaire ? En quoi constituerait-il une solution face à la crise du logement ?

La nue-propriété : qu'est-ce que c'est ?

Pour rappel, être propriétaire d'un bien signifie que l'on possède le droit d'usage (usufruit) du droit de disposer du bien (nue-propriété). En clair, le propriétaire peut vivre dans le logement, s'en occuper, percevoir des revenus locatifs (droit d'usage = usufruit). Il peut aussi le vendre, le léguer ou le transmettre par donation (nue-propriété). Lorsqu'il dispose de ces deux droits, on dit que l'acheteur a acquis la pleine propriété du bien.

En revanche, lorsque plusieurs personnes disposent de ces droits, le droit de propriété devient « démembré ». Car il peut, par exemple, y avoir plusieurs usufruitiers (c'est notamment le cas lors d'une succession). L'achat en nue-propriété constitue un cas de démembrement du droit de propriété. Ici, l'investisseur cède volontairement l'usage du logement (l'usufruit) à une autre personne : le vendeur. Le contrat de vente précise que le vendeur conserve l'usage du bien durant une période déterminée. Durant cette période (généralement entre 10 et 20 ans), l'acheteur ne peut donc tirer aucun bénéfice de son acquisition, pas même des loyers. À l'issue de cette période, le bien lui reviendra pleinement.

Le contrat en nue-propriété doit justement préciser comment aura lieu l'extinction de l'usufruit. 3 raisons possibles : le décès de l'usufruitier, l'expiration d'un délai, ou la réalisation d'une condition.

Le bon filon des expats en France et des ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ de l'étranger

À première vue, on pourrait croire que l'investissement en nue-propriété n'est pas rentable, car le nu-propriétaire ne peut toucher aucun bénéfice durant une longue période. Mais cet investissement s'apprécie justement sur le long terme. Un bon point pour les expats en France et les ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ de l'étranger. L'investissement en nue-propriété gagne en effet du terrain sur l'Hexagone, pour plusieurs raisons :

  • L'investisseur achète « discount » : environ 30 à plus de 50 % en dessous du prix du marché. Un très bon plan en période de crise du logement. La décote est due au principe même de la nue-propriété. Comme l'investisseur n'achète pas l'usufruit, il bénéficie d'une belle remise.
  • L'investisseur ne paie ni taxes ni impôts pendant toute la durée du contrat de nue-propriété (taxe foncière, d'habitation, impôt sur la fortune, sur les revenus fonciers…) Encore une fois, la ristourne est permise par la nue-propriété. L'acheteur ne pouvant jouir du bien (usufruit), il n'a pas à payer les taxes et impôts découlant de l'occupation dudit bien immobilier. Il ne devra payer qu'en cas de revente (impôt sur la plus-value immobilière, partagé par le nu-propriétaire et l'usufruitier).
  • Le vendeur usufruitier se charge des dépenses et travaux liés au bien : grosses réparations, travaux d'entretien mineurs, etc. Là encore, l'application des règles relatives à la nue-propriété précise que le vendeur usufruitier a la jouissance du bien, et donc toutes les charges incombant à cette jouissance.

Quel intérêt pour les expatriés ?

Grâce à la nue-propriété, les résidents étrangers en France peuvent investir sur le long terme pour devenir propriétaires. Même avantage pour les ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ immigrés à l'étranger, qui n'ont, de plus, pas à se soucier de l'entretien de leur bien. L'usufruitier se charge de tout. Ils peuvent donc acheter en vue de rentrer en France à la fin de leur expatriation.

L'autre intérêt est d'ordre conjoncturel. Malgré la récente nomination de son nouveau Premier ministre, la France n'en a pas fini avec l'incertitude politique. Les investisseurs craignent une potentielle réforme sur la fiscalité locative, qui alignerait la fiscalité des locations meublées sur celle des locations nues. Or, la nue-propriété ne génère aucun revenu locatif ; l'investissement ne sera donc pas concerné par les réformes. Pour les experts de l'immobilier, les avantages de la nue-propriété contrebalancent largement son principal inconvénient.

Les nus-propriétaires sont en revanche conscients que leur investissement n'est pas un investissement locatif, mais plutôt un investissement immobilier (l'argent est « placé » le temps de jouir pleinement du bien). S'ils ont contracté un prêt, les expats ne pourront pas compter sur les loyers pour le rembourser.

La nue-propriété : un investissement populaire en Europe

Si l'investissement en nue-propriété gagne du terrain aux États-Unis, il est surtout connu en Europe. Il gagne même du terrain et pourrait devenir le nouvel investissement phare pour résister à la crise du logement. En Espagne, on relève une hausse progressive des chiffres de vente depuis 2014. En 2023, 1 845 logements sont vendus en nue-propriété. C'est 11,3 % que l'année précédente. C'est surtout le chiffre le plus important depuis 2014. La nue-propriété attire des expatriés en quête de logement pour leur retraite ou pour investir. L'Espagne est justement l'un des pays favoris des Américains (nomades numériques, retraités…). Un certain nombre profite de l'avantage de la nue-propriété pour acheter des logements à moitié prix.

Les agences immobilières américaines spécialisées dans les achats internationaux se sont passé le mot. Pour eux, l'achat en nue-propriété constitue un excellent moyen d'acquérir une belle propriété en Europe, à moindre coût. Ils orientent leurs clients futurs expats en quête d'investissement sur le long terme. Pour eux, le long délai d'attente n'est pas un frein, mais un avantage, car il permet de faire considérablement baisser le prix du logement. Les acheteurs américains s'orientent principalement vers des achats en Espagne, en Italie, en Belgique ou encore en France.

Extinction de l'usufruit au décès du vendeur

Le contrat de nue-propriété peut autoriser l'usufruitier à jouir du bien jusqu'à son décès. L'option, encore souvent méconnue, a pourtant été choisie par un certain nombre d'usufruitiers âgés. Une solution qui, de leur propre aveu, suscite des interrogations et une certaine appréhension. Il ne s'agit cependant pas d'une vente en viager, mais bien d'une vente en nue-propriété.

En Espagne, les experts spécialisés dans ce type de contrat expliquent que la décote dépend de l'âge du vendeur usufruitier. S'il est « moyennement âgé » (environ 70 ans), l'acheteur peut bénéficier d'une décote d'environ 50 %. Mais si le vendeur usufruitier est plus vieux, le rabais diminue. La zone d'achat fait aussi grimper ou diminuer la décote. Les zones fortement prisées verront les prix d'achat augmenter. Outre l'aspect moral, le principal inconvénient d'un usufruit « jusqu'au décès du vendeur » est qu'il oblige à « parier » sur l'espérance de vie du vendeur. L'affaire peut même se retourner contre le nu-propriétaire, si, par exemple, le vendeur lui survit.

Autre option d'investissement : le contrat de cession-bail à vie

Pour éviter la spéculation liée à la nue-propriété, des experts immobiliers préfèrent promouvoir le contrat de cession-bail à vie. Ce contrat permet au vendeur de devenir locataire du logement. Il percevra 80 à 90 % du prix au moment de la vente. Le logement sera défiscalisé s'il s'agit de sa résidence principale. Il reste libre de déménager s'il le souhaite (ce qui mettra fin au contrat). Contrairement à l'usufruitier, qui doit s'acquitter de toutes les charges, le vendeur-locataire est exonéré de certaines taxes (l'impôt foncier, par exemple) et de certains gros travaux. De son côté, l'acheteur devient le bailleur. La présence d'un locataire lui garantit un bon entretien du logement et des revenus stables, grâce au contrat de location mis en place. Le prix du logement sera diminué d'environ 10 à 20 %, pour tenir compte de son occupation par un tiers.

Achat en nue-propriété : attention à la législation du pays

La popularité de l'achat en démembrement en Europe ne signifie pas que tous les pays partagent une même législation. La Belgique, contrairement à la France, n'offre aucun avantage fiscal en cas de transmission d'un bien (donation du vivant du vendeur) en nue-propriété. La Belgique applique une taxation de l'usufruitier différente de celle de la France. La Belgique et le Portugal ne reconnaissent pas le « quasi-usufruit » ; une disposition particulière acceptée en droit français.

Au Luxembourg, la définition de la nue-propriété diffère de celle reconnue en France ou en Belgique. La législation luxembourgeoise considère en effet que le nu-propriétaire détient la pleine propriété du bien immobilier. L'usufruitier est créancier du nu-propriétaire. La propriété fiscale ne lui revient donc pas, mais est attribuée à l'acheteur nu-propriétaire.

En revanche, le démembrement de propriété n'existe pas dans le droit anglais. L'Écosse admet une transaction immobilière proche, avec le « proper liferent », qui s'apparente à une rente viagère (mais qui n'est pas une nue-propriété). Il existe une autre terminologie qui se rapproche de la nue-propriété : le « life interest trust ». Ici, un individu peut toucher le revenu d'un logement ou jouir de ce logement jusqu'à sa mort ou jusqu'au terme du contrat.

D'autres dispositions sont à prendre en compte, notamment en matière de donation, de succession, et en matière fiscale. Il est conseillé de se rapprocher de professionnels spécialisés dans l'achat international en nue-propriété et dans le conseil aux expatriés.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

Commentaires

  • pierrotdu68
    pierrotdu68il y a 2 mois

    Le mieux c'est de ne pas investir en immobilier en France à cause de l'inflation fiscale et réglementaire qui y sont appliquées et qui deviennent de pire en pire, tout au plus en SCPI pour au moins ne pas avoir d'ennuis...



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