Malgré la crise immobilière mondiale, la pierre reste l'un des investissements préférés des expatriés. Car on aura toujours besoin de se loger ; reste à s'arrêter sur la forme que prendra l'achat immobilier. Faut-il construire pour s'offrir un logement sur-mesure ? Est-il au contraire plus simple d'acheter clé en main ?
Faire construire sa maison à l'étranger
Tout d'abord, comptez-vous faire construire votre maison dans votre pays d'expatriation ou souhaitez-vous faire construire pour investir dans un pays étranger (résidence secondaire, mise en location) ? La première option suppose votre présence. Vous serez plus à même de suivre l'évolution des travaux. La seconde option vous incite à vous reposer sur une agence de confiance, qui suivra les travaux à votre place.
La loi vous autorise-t-elle à construire à l'étranger ?
Dans les deux cas, vous devrez répondre à cette première question : votre titre de séjour vous permet-il de construire dans le pays d'expatriation ? Par exemple, en °Õ³ó²¹Ã¯±ô²¹²Ô»å±ð, les étrangers peuvent acheter 1 rai de terrain (1 600m²) pour construire leur maison, à condition d'investir au moins 40 millions de bahts (plus d'un million d'euros) dans l'économie thaïlandaise. Au Danemark, un étranger peut obtenir un droit de propriété s'il est résident fiscal durant 5 ans.
Quelles sont les démarches pour construire à l'étranger ?
Après avoir vérifié que vous êtes bien en mesure de construire, il vous faudra chercher un terrain constructible. À moins d'être un connaisseur et de construire seul sa maison (et encore, vous aurez besoin de l'aide de professionnels pour certaines tâches administratives et techniques), il vous faudra bien vous entourer. Recherche du terrain, élaboration des plans de la maison, mise aux normes éventuelles (normes antisismiques, normes littorales, etc.), intervention du notaire, de l'avocat, de l'expert immobilier, du banquier, de l'éventuel interprète, etc. Les prix grimpent vite, surtout dans un contexte inflationniste, avec des coûts de matières premières en augmentation. Si vous faites construire dans un autre pays que votre pays de résidence, pensez à l'enveloppe « surcoût » pour vos voyages, pour tout de même visiter votre chantier de temps en temps.
Quels sont les avantages de construire sa maison à l'étranger ?
Le premier avantage est de pouvoir construire la maison de vos rêves dans le pays de votre choix (sous réserve de pouvoir effectivement le faire). Le 2e avantage est financier : certains expats s'orientent vers un pays où le coût de la construction sera plus abordable que dans leur pays. Ils peuvent également bénéficier d'avantages fiscaux, selon la législation du pays d'accueil (exemption des frais de notaires, aides du gouvernement sous forme de crédits d'impôt, etc.) De plus, votre maison à l'étranger constitue un solide investissement pour l'avenir.
À quoi faut-il faire attention ?
Soyez au fait des normes en vigueur dans le pays étranger. Entourez-vous de professionnels fiables pour éviter les arnaques. Méfiez-vous des vices cachés. Assurez-vous de construire dans une zone effectivement constructible. Vérifiez toutes les restrictions éventuelles, surtout si vous construisez dans une zone particulière (sur le littoral, par exemple). Attention aux taxes que vous pourriez payer dans le pays étranger : taxe immobilière, taxe d'habitation, taxe sur la fortune, sur la plus-value, etc. Selon l'origine de votre résidence fiscale, n'oubliez pas de déclarer votre patrimoine dans votre pays d'accueil et votre pays d'origine. Sans surprise, parler la langue du pays d'accueil vous facilitera la tâche.
Acheter clé en main
À priori, acheter à l'étranger clé en main semble plus simple. Le bien immobilier est déjà construit. Ne reste plus qu'à acheter. Mais là encore, la prudence est de mise. On vous conseille toujours d'être présent dans le pays d'accueil, ou de pouvoir y faire des visites régulières.
La loi vous autorise-t-elle à acheter à l'étranger ?
Comme pour un projet de construction, vérifiez d'abord que la loi du pays d'accueil vous permette de devenir propriétaire. Ainsi, l'Australie autorise l'achat aux étrangers sous réserve que le bien immobilier soit leur résidence principale, et qu'ils obtiennent l'autorisation du (FIRB).
Au Canada, vous n'avez plus le droit d'acheter un bien immobilier depuis le 1er janvier 2023. Des exceptions sont prévues pour les travailleurs temporaires, les étudiants étrangers et les demandeurs d'asile éligibles. La mesure, initialement prévue pour durer jusqu'en 2025, était censée réduire la spéculation immobilière et favoriser l'achat pour les Canadiens. Mais en février 2024, le gouvernement a prolongé l'interdiction jusqu'au 1er janvier 2027, pour mieux répondre à la crise du logement. Malgré les protestations des sceptiques, pour qui la mesure n'a pas montré son efficacité, Ottawa a tranché. En cas de non-respect de la loi, l'acheteur étranger risque une amende de 10 000 dollars canadiens.
Quelles sont les démarches pour acheter à l'étranger ?
Conformez-vous à la législation en vigueur dans le pays d'accueil. Dans certains pays, il faut signer un avant-contrat établissant les obligations de l'acheteur et du vendeur avant l'acte de vente. Attention : l'avant-contrat ne dispose pas toujours de délai de rétractation ou de délai de réflexion. C'est le cas au Royaume-Uni, en Belgique ou en Espagne. Dans ce cas, la signature de l'avant-contrat vaut acceptation. Vous ne pourrez plus changer d'avis. D'autres pays se passent d'avant-contrat ; la vente peut se conclure en quelques semaines (exemple du Portugal). Renseignez-vous sur la fiscalité applicable, le coût financier, la possibilité d'obtenir un prêt, les démarches administratives et juridiques. Dans certains pays, vous devrez vous rapprocher d'un notaire. Dans d'autres, c'est l'avocat qui assurera la vente.
Quels sont les avantages d'acheter sa maison à l'étranger ?
Avec l'achat d'une maison à l'étranger, vous avez l'avantage d'investir dans un bien déjà bâti. Selon le type de bien choisi, l'apport financier peut être moins important que pour une construction. Qu'il s'agisse d'un achat pour investir ou pour acquérir une résidence principale, vous pourrez rapidement jouir de votre investissement, sauf si vous avez acquis une maison en ruine. Les akiyas, ces maisons japonaises abandonnées, séduisent de plus en plus d'étrangers. Ils y trouvent une solution pratique, à mi-chemin entre l'achat d'une maison et la construction d'un logement neuf. En effet, une akiya est une maison délabrée vendue à moindre coût (20 000 dollars en moyenne). On peut néanmoins trouver des maisons à moins de 15 000 dollars, ou à plus de 50 000 dollars. Tout dépend de la localité et de l'état de la maison.
À quoi faut-il faire attention ?
Gare aux malfaçons. Vérifiez tous les points de contrôle habituels : emplacement du bien immobilier, état global, coût énergétique, garanties, assurances... Prudence redoublée sur ce qui ne se voit pas, comme la toiture. Les lofts ont leur petit succès auprès des expats, mais il est impossible de voir leur toiture. Pour éviter les mauvaises surprises, demandez des photos (ou une vidéo par drone) et des avis d'experts. Même prudence pour les achats de logements délabrés. Le succès des akiyas ne doit pas faire oublier que les maisons sont inhabitables à l'état. Leur très faible prix cache parfois de grandes malfaçons ou un état de délabrement plus important que prévu. Ainsi, certains expats ont dû faire raser leur maison juste après l'achat. Or, au Japon, les coûts de déconstruction sont élevés ; il faut y ajouter le coût de la construction neuve. La course au pas cher ne doit pas se faire au détriment de la sécurité.
Pour être bien renseigné, entourez-vous de professionnels qualifiés. Attention aux frais supplémentaires pouvant entourer l'achat : frais d'acquisition, honoraires du notaire, de l'avocat, etc. Comme pour une construction, prenez garde à la possible double imposition.
Immobilier à l'étranger : que propose le Golden Visa ?
Si certains pays, comme l'Espagne, mettent fin à leur programme de Golden Visa par investissement immobilier, d'autres misent justement sur cet investissement populaire et souvent moins coûteux que les autres pour attirer les expatriés. C'est le cas de la Hongrie, qui a relancé le visa doré cet été. Le système hongrois offre la résidence pour tout achat immobilier d'au moins 500 000 euros (524 720 dollars). À Maurice, le programme « Residence by Investment » permet d'obtenir son visa doré en investissant au moins 375 000 dollars dans des projets immobiliers approuvés par l'État : achat d'un logement dans une région innovante (Smart City Scheme), achat d'un logement sur le marché secondaire (Integrated Resort Scheme) ou dans une zone touristique, destinée aux loisirs (Property Development Scheme).
Bon plan d'investissement pour les étrangers, le Golden Visa profite-t-il aux locaux ? Frappés par la crise du logement, des pays remettent en cause le programme. Outre l'Espagne, le Portugal a annoncé la fin de son programme en octobre 2023, mais uniquement pour les investissements immobiliers. Confrontée au même problème, la Grèce opte pour une solution différente. En mars, elle durcit les conditions d'accès à l'achat immobilier. Désormais, il faut débourser au moins 800 000 euros pour acheter un logement dans les zones les plus attractives (Thessalonique, Mykonos, Santorin, région d'Athènes). Auparavant, il ne fallait payer que 250 000 euros, qu'importe le lieu de résidence choisi. Les autres régions grecques gardent ce montant minimal d'investissement.
La Suisse, les Émirats arabes unis, Malte, la Malaisie (My Second Home Program), la Namibie, la °Õ³ó²¹Ã¯±ô²¹²Ô»å±ð, le Luxembourg et l'Indonésie font partie des pays proposant le visa doré. Malgré les controverses, le programme est loin d'avoir tiré sa révérence. Pour les expats, le Golden Visa reste un moyen d'acquérir une propriété à l'étranger tout en bénéficiant d'avantages (visa de long terme, fiscalité).