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Incitations pour la retraite à l'étranger : attention aux risques cachés

homme retraite
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Écrit parHelena Delbecqle 23 Avril 2025

Les retraités expatriés sont prisés dans de nombreux pays. Ils représentent une manne économique : consommation locale, investissements immobiliers et parfois même dynamisation du marché du travail grâce à l'entrepreneuriat ou au volontariat. Conscients de ces atouts, plusieurs États rivalisent d'ingéniosité pour attirer cette population, notamment par certaines politiques de visa et des avantages fiscaux. Quelles sont ces différentes mesures incitatives et à quoi faut-il faire attention ?

Les visas accordés aux retraités : des dispositifs avantageux ?

Les conditions classiques d'obtention d'un visa

À moins d'être ressortissant de l'Union européenne (l'UE) et de vous installer dans un autre pays de l'UE, un visa est généralement obligatoire pour passer sa retraite à l'étranger.

Beaucoup de pays proposent des pour retraités : la Grèce, l'Italie, le Portugal, l'Espagne, le Costa Rica, le Mexique, l'Argentine, Le Brésil, la Malaisie, la ճïԻ, Dubaï, Maurice, pour n'en citer que quelques-uns.

Parmi les critères pour obtenir ce précieux sésame, les États exigent notamment un niveau minimum de revenus mensuels et l'obligation de posséder une assurance santé valide dans le pays d'accueil.

  • Les revenus ou l'épargne exigés : des seuils variables et attractifs

Le montant des revenus passifs exigés varie selon le coût de la vie locale, mais certains pays proposent un seuil particulièrement attractif.

Pour , il faudra avoir des réserves financières s'élevant à 2 400 € par mois pour espérer obtenir un visa, tandis que n'exige que 870 € mensuels (visa D7), l'un des seuils les plus bas en Europe.

  • Durée et renouvellement de visa simplifiés

Pour séduire les retraités étrangers, d'autres pays proposent des facilités de renouvellement du visa et même la possibilité de devenir rapidement résident permanent !

Avec le Panama, rien ne paraît plus simple. Le offre d'emblée un visa de résidence permanent si les autres conditions sont par ailleurs satisfaites (nécessité notamment de disposer de 1000 dollars mensuels).

  • Les risques de variations des critères d'attribution ou de renouvellement des visas

On doit pourtant être conscient que les politiques d'attribution et de renouvellement de visas évoluent parfois rapidement, ce qui peut avoir une incidence directe sur votre capacité à vivre dans le pays.

, par exemple, a modifié les exigences d'obtention de son visa de retraite en introduisant des critères financiers plus stricts. Auparavant, il fallait conserver un dépôt de 800 000 THB (environ 21 028 euros) dans une banque thaïlandaise pendant deux mois avant de demander le visa. La nouvelle réglementation augmente ce délai, exigeant que le dépôt reste sur le compte pendant 90 jours supplémentaires après l'octroi de l'autorisation de visa.

Lors de la demande de renouvellement de ce dernier, on doit également prouver de manière plus stricte les éléments de sa bonne stabilité financière, en disposant, par exemple, de reçus ou autres preuves de revenus conformes aux seuils fixés.

Effectuer un investissement immobilier en tant que retraité expatrié : une bonne idée ?

Les incitations à l'achat d'un bien

Dans plusieurs pays, l'obtention du visa est grandement facilitée lorsque vous réalisez un investissement immobilier sur le territoire. Parfois, il s'agit d'une condition sine qua non.

permet ainsi d'obtenir un titre de séjour à condition d'investir au minimum 250 000 € dans un bien immobilier, sans obligation de séjourner sur place pendant une durée minimale de temps.

D'autres mesures incitatives existent, comme l'exonération du paiement de l'impôt foncier ou de la taxe sur les plus-values lorsque vous revendez votre bien. Le , par exemple, est coutumier de ce genre d'exonérations.

Les précautions à prendre avant d'acheter

Un investissement paraît tentant si l'on a des économies de côté. Mais attention à prendre le temps d'étudier le marché et d'avoir une idée claire de son projet de vie. Achetez-vous à un moment favorable ou en plein pic des valeurs immobilières  ? Comptez-vous rester suffisamment longtemps dans le pays pour amortir les frais induits par votre investissement (notaires, frais d'agence, impôt foncier, rénovation éventuelle, etc.) ? Quel est le profil global et l'évolution prévisionnelle du marché immobilier dans le pays ? Autant de questions importantes.

Renseignez-vous également sur les droits de propriété qui peuvent être bien différents de ceux de son pays d'origine. En , par exemple, il est possible pour un étranger d'acheter en « Freehold » ou en « leasehold ». Certains biens ne disposent pas d'une licence « condominium  », ce qui signifie dans ce cas qu'un étranger ne peut être titulaire d'un titre de propriété en son nom propre. Il est possible par contre de disposer d'un droit légal de jouissance sous forme d'un bail de longue durée (30 ans renouvelable).

Qu'en est-il des mesures fiscales pour attirer les retraités ?

La question de la taxation des revenus est un axe de levier important pour attirer les retraités étrangers.

Des taux d'imposition avantageux ?

, par exemple, met en avant un régime fiscal dit de “non-domiciliation” pour les retraités étrangers. Il leur permet d'être imposés à un taux forfaitaire de 7 % sur leurs revenus de source étrangère, pendant une période de 15 ans.

On citera encore où il est possible, à partir d'un certain montant de revenus, d'être imposé à un taux forfaitaire de 5 %.

Les risques de fluctuations des politiques fiscales

Premier point d'attention : l'imposition à un taux forfaitaire est souvent limitée dans le temps. Il s'agit de 15 ans pour la Grèce ou encore de 10 ans pour . Pour ce dernier pays, le taux d'imposition de 7% n'est d'ailleurs accessible qu'aux personnes qui s'installent dans certaines régions du sud et dans les municipalités de moins de 20 000 habitants.​

On connaît bien aussi les risques de revirements. En fonction des politiques et priorités budgétaires des gouvernements, on peut se retrouver soumis à de nouvelles réglementations sans avoir forcément eu le temps d'anticiper ces changements. L'exemple du Portugal avec la suppression du (Résident Non Habituel) et ce qu'il impliquait au niveau fiscal incite à la prudence.

Les complexités des accords fiscaux entre pays

En matière de fiscalité, les choses sont rarement simples. Il ne faut pas oublier qu'on dépend toujours en partie de son pays d'origine, surtout si l'on y possède toujours des biens ou des valeurs.

La première des choses à faire est de vérifier qu'il existe un accord fiscal entre votre pays d'origine et votre lieu de résidence à l'étranger. Vous risquez autrement d'avoir la mauvaise surprise d'être soumis à une double imposition.

Si une convention existe bien, vous n'êtes pas forcément au bout de vos peines tant les dispositions peuvent être compliquées à comprendre. La “simple” détermination de sa résidence fiscale peut poser des problèmes si vous passez, par exemple, une partie de votre temps dans votre pays d'origine ou si vous y possédez un certain nombre d'intérêts économiques. Bref, il n'est pas dit que vous puissiez vous passer des services d'un fiscaliste pour éclaircir votre situation personnelle et toutes ses implications.

Les autres avantages supposés : le coût de la vie et l'accès aux soins

Le coût de la vie et les réductions sur les services

C'est un argument souvent invoqué : le coût de la vie supposément avantageux dans certains pays. Pour ajouter à leur attractivité, certaines destinations offrent par ailleurs des réductions en tous genres aux retraités expatriés.

propose ainsi toute une batterie de rabais à ceux qui s'installent dans le pays pour la retraite. Cela concerne les coûts des services publics tels que les transports, mais aussi vos factures d'électricité, d'eau et de téléphone. Les réductions vont jusqu'à 50 % sur les divertissements partout dans le pays (cinéma, concerts, événements sportifs), sans compter les séjours à l'hôtel ou encore les restaurants. Certaines consultations et prescriptions médicales sont aussi concernées par ces politiques de réduction.

Prendre en compte la santé économique du pays et les risques d'inflation

Vous profitez peut-être de frais moindres que dans votre pays d'origine, mais la situation est-elle économiquement stable ?

Une destination très attractive aujourd'hui peut d'ailleurs devenir très coûteuse, en raison d'une inflation qui n'est pas toujours sous contrôle. En Argentine, par exemple, l'inflation a dépassé 100 % en 2023 et les prix à la consommation ont plus que doublé par rapport à 2022.

Même dans certains pays réputés plus stables que l'Argentine, l'augmentation du coût des loyers, de l'alimentation ou des assurances peut fortement impacter votre budget, comme on l'a vu en Espagne ou au Costa Rica ces dernières années.

L'accessibilité des coûts pour les soins de santé

L'obtention de certains visas de retraite permet d'accéder au système de santé local. En Espagne, par exemple, les retraités légalement résidents (depuis un an au minimum) peuvent prétendre à un système de santé à un prix abordable, via le . Les tarifs sont de 60 € par mois pour les moins de 65 ans et de 157 € par mois pour les 65 ans et plus. ​

Mais il s'agit plutôt d'une exception. En réalité, beaucoup de pays exigent une assurance santé privée. Cette mesure vise à s'assurer que les nouveaux résidents retraités ne deviennent pas une charge pour le système de santé public local.

La qualité des soins sur place : une donnée parfois difficile à évaluer

Il n'est pas toujours facile d'évaluer la qualité d'un système de santé à l'étranger. Quelle est la réelle accessibilité des soins ? La performance technique et l'expertise des médecins sont-elles aussi fiables que ce qu'on a lu sur des forums ?

Il est recommandé de croiser des sources fiables pour avoir une idée exacte de la situation et de comparer les différentes solutions de couvertures d'assurances, après avoir réalisé un bilan de santé complet. Il vous permettra d'avoir une idée des soins à prévoir sur place et de choisir la formule qui vous convient le mieux (incluant peut-être la possibilité de soins dans votre pays d'origine).

On le voit, les dispositifs pour attirer les retraités étrangers ne manquent pas. Il convient cependant de ne pas céder aux sirènes les yeux fermés et de prendre garde à bien évaluer la situation.

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A propos de

Titulaire de l'Education nationale et d'un Master II en Politiques linguistiques, j'ai eu l'opportunité de vivre au Japon et en Chine et suis actuellement basée en Allemagne. Mes activités se déclinent autour de la rédaction et de l'enseignement.

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