
C'est une étape indispensable pour s'installer à l'étranger : louer un logement. La location à l'étranger nécessite cependant de connaître les pratiques locales pour éviter les pièges. Que l'on soit déjà dans le pays d'accueil ou non, à quoi faut-il faire attention avant de signer le contrat de location ? Existe-t-il des différences entre les locations à court ou long terme ?
Contrat de location : les droits des expatriés
En règle générale, vous bénéficiez des mêmes droits que les locaux en matière de location. Le droit du pays étranger définit les documents que doit exiger le loueur. De nombreux pays ont légiféré pour lutter contre la discrimination : toute personne peut louer, peu importe sa nationalité. Vous devez en revanche présenter un titre de séjour valable. Si vous optez pour une location longue, votre titre de séjour doit vous autoriser à résider à long terme dans le pays étranger.
En pratique, vous pouvez tomber sur des propriétaires refusant de louer à des étrangers. Si tel est le cas, n'hésitez pas à faire valoir vos droits. De nombreux expats préfèrent cependant éviter une procédure longue et complexe. Ils se tournent vers des propriétaires réceptifs et/ou des agences spécialisées dans la location aux étrangers.
Autres droits des locataires étrangers
Vous êtes protégés contre toute expulsion soudaine ou injuste. Vous devez connaître toutes les informations légales concernant le logement en location. Ces informations doivent vous être délivrées par écrit (par exemple, un diagnostic énergétique, si la loi du pays d'accueil le prévoit). Vous devez connaître les droits et devoirs du locataire. Attention : ces informations écrites le seront le plus souvent dans la langue du pays d'accueil, sauf si vous faites appel à une agence internationale.
À quoi faut-il faire attention avant de signer le contrat de location ?
En tant qu'étranger, vous êtes potentiellement plus vulnérable. Certains loueurs peu scrupuleux profitent de votre méconnaissance du droit et des pratiques locales pour vous arnaquer. Conseils pratiques pour éviter les pièges.
Visite du logement
Si vous devez louer alors que vous êtes encore à l'étranger, faites appel à une agence certifiée. Évitez les accords informels. Exigez des garanties écrites. Soyez encore plus exigeant en cas de location longue. Si vous êtes sur place, refusez tout paiement sans avoir visité le logement. En Australie et en France, par exemple, certains propriétaires exigent d'être payés pour vous faire visiter. Ils profitent de la forte demande locative pour établir des listes d'attente. Ce paiement est illégal. De même, refusez tout paiement pour réserver un logement.
Lecture attentive du bail
On constate de nombreux conflits entre le loueur et l'expatrié à cause d'une mauvaise compréhension du contrat de location. Très souvent rédigé dans la langue du pays d'accueil, il peut être la source de mauvaises interprétations, même avec une traduction. Si vous ne connaissez pas la langue du pays, faites appel à un traducteur professionnel et certifié.
Système de location du pays d'expatriation
Chaque pays peut développer son propre système de location. Renseignez-vous avant de signer. En Corée du Sud, le système « jeonse » est sous le feu des critiques. Ce système permet au locataire de vivre sans payer de loyer durant toute la durée du contrat, sous réserve de payer un dépôt de garantie conséquent : il peut atteindre jusqu'à 100 % du montant total, mais est restitué à la fin du bail. Un certain nombre d'expatriés optent pour cette solution.
Problème : les escroqueries (en moyenne, plus d'un milliard de dollars perdus par an) se multiplient et mettent à mal le système. L'arnaque ne cible pas uniquement les étrangers, mais touche aussi les Sud-Coréens. Les conséquences sont lourdes, car les locataires ont souvent contracté un prêt pour verser le dépôt de garantie. Renseignez-vous bien avant d'opter pour un contrat jeonse. Il existe un autre contrat « wolse », prisé par les étudiants et les petits revenus. Il est comparable au système classique : caution de 2 ou 3 mois, restituée en fin de bail, et loyer mensuel. La majorité des étudiants étrangers opte pour un contrat wolse.
Clauses supplémentaires
Attention aux clauses abusives. Vérifiez que les clauses de votre contrat sont légales avant de le signer. En Allemagne, certains loueurs exigent un second paiement après la signature du bail et le versement du dépôt de garantie. Ce second paiement est illégal. Attention aux clauses de révision annuelle du loyer et de l'interdiction de résiliation du bail (4 ans maximum) : ces clauses sont souvent présentes dans les contrats de location en Allemagne.
Frais supplémentaires
Des frais supplémentaires peuvent être exigés pour louer le logement. Au Japon, le loueur vous demandera un paiement non remboursable « reikin » ou «  key money » correspondant généralement à un à deux mois de loyer. Pour éviter de payer ce « cadeau » au loueur, sollicitez une agence qui n'en demande pas. De nombreuses agences immobilières locales et dédiées aux étrangers en ont fait un argument de vente. La facture reste néanmoins salée, en raison des nombreux autres frais liés à la location : nettoyage du logement, nouvelles clés, entreprise garante en cas de loyers impayés, etc. Au Japon, le bail dure généralement 2 ans (sauf pour les agences proposant des locations courtes) ; les frais supplémentaires seront encore à payer au renouvellement du bail.
Garant et caution
Le garant est celui qui s'engage à supporter votre loyer en cas de défaut de paiement. La caution est le dépôt de garantie. L'usage français mélange souvent les deux concepts (quelqu'un se porte « caution » pour vous). En Allemagne, la « kaution » désigne précisément le dépôt de garantie.
Connaître ses droits pour louer un logement : l'exemple du Maroc
Sans surprise, les expatriés se dirigent plutôt vers les grandes villes marocaines et les villes touristiques (Casablanca, Fès, Tanger, Marrakech, Rabat…). Les loyers y sont souvent plus chers que dans les petites villes, mais restent accessibles, surtout si l'on évite les quartiers les plus prisés. Pour louer, vous avez le choix entre une recherche directe sur internet (surtout si vous n'êtes pas encore dans le pays), un contact direct avec un propriétaire basé au Maroc, un « samsar » (intermédiaire, rabatteur marocain). Vous pouvez aussi passer par une agence immobilière locale, internationale, ou spécialisée dans la location aux étrangers. Dans tous les cas, il est important de connaître vos droits pour éviter les pièges.
Louer au Maroc : à quoi faut-il faire attention ?
Que vous fassiez appel à une agence immobilière internationale ou locale, vérifiez qu'il s'agit d'une véritable agence. Au Maroc, un même logement peut être proposé par plusieurs agences. Évitez de louer en vous basant uniquement sur les dires de l'agence. Si vous devez louer depuis l'étranger, demandez un entretien vidéo au cours duquel l'agent se rend en direct dans le logement.
Les samsars sont réputés pour être très bien informés sur la situation réelle de tel ou tel quartier. Ils ne travaillent pas forcément dans l'immobilier, mais connaissent le terrain. Mais attention : évitez de faire appel à leurs services si vous ne maîtrisez pas l'arabe et la culture locale. Car les négociations avec le samsar sont informelles. Il vous faudra négocier les prix pour obtenir des informations, débloquer une visite, etc. Si vous souhaitez travailler avec un samsar, faites-vous accompagner par un ami marocain. De même, évitez de mener seul les négociations avec le propriétaire si vous ne connaissez pas le droit marocain et les règles en matière de location.
Savoir négocier
La durée du bail jouera en votre faveur. Plus elle est longue, plus vous pourrez tirer les prix vers le bas. Mettez également en avant votre profession, surtout si vous disposez de revenus stables. Au Maroc, tous les frais peuvent se négocier. Notez toutes les imperfections du logement pour faire baisser le loyer ; en contrepartie, vous vous engagez à réaliser les menus travaux. N'oubliez pas les frais de syndic, qui s'ajoutent à votre loyer. Attention au montant de la commission. Elle est généralement fixée à un mois à deux de loyer si vous passez par une agence. Mais si vous passez par un samsar, elle n'est pas fixée à l'avance. Tout dépendra de votre négociation. N'oubliez pas les charges à payer (eau, électricité, gaz). Renseignez-vous sur leur montant pour négocier le loyer à la baisse.
Location mixte
Les colocations mixtes sont interdites au Maroc. Contrairement à nombre de pays occidentaux, le Maroc n'accorde aucun droit aux unions de fait. Une location pourra vous être refusée si votre partenaire et vous n'êtes pas mariés légalement.
Légaliser votre contrat de location
Après avoir signé le contrat de location, vous devrez vous rendre, avec le propriétaire (ou l'agent immobilier), dans un service de légalisation. La simple signature du contrat ne vaut pas validation. Ne payez aucun loyer tant que le contrat n'a pas été légalisé par un service de légalisation.
Connaître ses droits avant de louer à l'étranger : les derniers conseils
Refusez tout paiement à l'avance pour réserver un logement, que ce paiement vous soit demandé par une agence, le propriétaire, ou un intermédiaire. Exigez et conservez les écrits de toutes vos démarches, de tous les documents que doit vous remettre le loueur. Ne payez aucune avance ni aucun loyer tant que le contrat de location n'a pas été signé.
Visitez votre logement en journée, mais aussi en soirée, pour vous assurer de la viabilité du quartier. Vérifiez que le calme constaté en journée se confirme en soirée.
Qu'il s'agisse d'une location courte ou longue, n'entamez pas les démarches seul. Rapprochez-vous d'une agence de confiance. Faites appel à des connaissances sur place. Si vous êtes à l'étranger, consultez les forums d'aide aux expatriés. Ne signez jamais un contrat de location avant d'avoir obtenu toutes les garanties sur le logement. Exigez des preuves écrites, authentifiées.