½ûÂþÌìÌÃ

Menu
½ûÂþÌìÌÃ

Retour d'expatriation : comment aborder sa carrière ?

voyageur avec valise
Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 13 Février 2023

Après plusieurs années passées à l'étranger, l'heure du retour a sonné. On en parle moins, pourtant, le retour d'expatriation est aussi important que l'expatriation. Comment préparer ce retour dans le monde professionnel du pays d'origine ? Quelles sont les erreurs à ne pas commettre ? Conseils pratiques pour envisager sereinement la suite de sa carrière professionnelle.

Préparer son retour

La première erreur est de penser que le retour ne se prépare pas. À part expédier les affaires courantes (résilier son bail, clôturer ses contrats, enregistrer son départ auprès des administrations…), certains pensent que le retour d'expatriation ne nécessiterait pas la même logistique que la préparation au départ. Certes, on ne prépare pas son retour comme on prépare son arrivée dans le pays d'expatriation. Mais la ligne directrice est la même : anticiper. Il faut souvent de longs mois pour organiser une expatriation, ne serait-ce que pour des questions de visa. De même, il est important d'organiser son retour plusieurs mois à l'avance.

Avant les affaires courantes, c'est dans la tête que tout se passe. Habitué à sa vie à l'étranger, le retour peut être un choc. Mal anticipé, il peut générer stress, déception et incompréhensions. Prendre le temps de faire le point sur son expérience à l'étranger, tant sur le plan professionnel que personnel, permet d'envisager plus sereinement le retour. Retour qui est aussi un nouveau départ, car on n'est plus le même que durant les premiers temps de l'expatriation.

Ne pas chercher immédiatement un nouvel emploi

La deuxième erreur souvent commise est de se lancer trop tôt dans un nouveau projet professionnel. L'expatrié serait une nouvelle forme de super-héros, toujours en action, enchaînant les succès. Vous vous mettez peut-être vous-même la pression, pour montrer que votre retour n'est pas un échec (pourquoi le serait-il ?), pour prouver votre valeur. Gare au surmenage. Même si vous avez mûri la suite de votre carrière pendant l'expatriation, prenez un temps pour défaire vos valises et vous refaire à la vie dans votre pays d'origine. Ce sera aussi un moyen de prendre du recul et d'être sûr d'avancer vers la bonne voie.

S'il faut « tout recommencer » dans le pays d'origine, il est important d'attendre. L'attitude pourra être mal comprise, surtout en cette période de crise mondiale et d'incertitudes. Cependant, postuler dès son arrivée sans avoir pris le temps de faire le bilan de son expérience à l'étranger, c'est prendre le risque de passer à côté de son véritable projet professionnel. À l'étranger, vous avez certainement acquis de nouvelles compétences, rempli de nouvelles missions. Ce sont autant de points positifs à analyser et à intégrer à votre CV.

Ce temps d'attente est également nécessaire pour les salariés en contrat d'expatriation (définition stricte de l'expatrié). Le retour dans l'entreprise se prépare. Idéalement, vos supérieurs auront élaboré un programme de réintégration progressif (formation interne, présentation des nouveaux services/collègues…). Dans la pratique, le retour est souvent plus brutal, non préparé, et d'autant plus mal vécu par les ex-expatriés. Le mieux serait d'organiser le retour avec ses supérieurs, avant même de quitter le pays. C'est aussi une manière de retisser le lien avec son entreprise.

Faire son bilan professionnel et personnel

L'autre erreur, en lien direct avec la précédente, est de se lancer dans des recherches d'emploi sans avoir fait son bilan professionnel et personnel. C'est pourtant une étape indispensable, qui vous remet progressivement dans le marché du travail du pays de retour, tout en vous permettant de vous positionner par rapport à ce marché.

Bilan personnel : quelques bonnes questions à se poser

  • Quels sont les meilleurs souvenirs de mon expatriation ?
  • Quels sont les pires souvenirs ? Avec recul, sont-ils toujours aussi difficiles à évoquer ?
  • Ai-je remarqué un changement dans ma manière d'agir, de penser ?
  • Me suis-je fait des amis ?
  • Comment s'organisait une journée type ?
  • Ai-je pratiqué des activités ? Lesquelles ? Ai-je aimé ?
  • Ai-je voyagé dans le pays d'accueil ? Où ? Ai-je aimé ?
  • Avec qui je rentre ? Ai-je rencontré quelqu'un durant l'expatriation ?
  • Suis-je triste/content de rentrer ou pas ? Pourquoi ?

Bilan professionnel : quelques bonnes questions à se poser

  • Quelles étaient les missions à remplir (intitulé du poste) ?
  • Est-ce un poste que j'avais déjà exercé ou l'ai-je découvert dans le pays d'accueil ?
  • Quelles missions ai-je concrètement remplies ?
  • Ai-je aimé ces missions ? Pourquoi ?
  • Comment était l'ambiance au travail ?
  • Quelle était la culture d'entreprise ?
  • Comment était l'organisation du travail (horaires, etc.) ? Comment l'ai-je appréciée ?
  • Ai-je travaillé en équipe, en binôme, en autonomie ?
  • Comment étaient les relations avec les collègues ?
  • Au travail, qu'est-ce qui a été ? / qu'est-ce qui n'a pas été ? Pourquoi ?
  • Qu'est-ce que j'ai appris au travail ? Quelles compétences en ai-je dégagées ?
  • Me suis-je formé ? Ai-je obtenu un diplôme ?
  • Ai-je amélioré ma maîtrise de la langue locale ?

Faire un bilan de compétences

Dans le même sens, faire un bilan de compétences reconnecte progressivement la carrière à l'étranger et la future carrière dans le pays de retour. Même dans le cas d'une poursuite de votre carrière professionnelle, un bilan de compétences pourrait trouver son utilité (par exemple, si vous ne vous sentez plus en adéquation avec le poste que vous occupiez).

Le bilan de compétences est ouvert à tous les actifs : salariés du public comme du privé et demandeurs d'emploi. À l'étranger, on n'est plus forcément au fait de l'actualité de son pays : secteurs qui recrutent, croissance économique, taux de chômage, formations, etc. Le bilan de compétences permet de faire le point sur les compétences professionnelles et personnelles (un bon complément de votre bilan), de définir ses nouvelles motivations, pour établir un nouveau plan de carrière. Ce bilan débouchera sur un nouveau projet professionnel ou un nouveau projet de formation.

Hard skill (compétences techniques), soft skill (compétences douces ou savoir-être)… Le bilan de compétences permet aussi de mettre à jour son CV avec les missions réalisées à l'étranger. Par exemple, il est possible que des compétences acquises à l'étranger soient convertibles en « diplôme ». Ainsi, la France propose un système de Validation des acquis de l'expérience (VAE). Votre expérience professionnelle (au moins 1 an à temps plein) pourra vous permettre d'obtenir une certification.

S'autoriser de nouveaux challenges professionnels

Envie d'une reconversion professionnelle ? De créer votre entreprise ? De partir vers une autre expatriation ? L'expatriation transforme. Un projet qui paraissait irréalisable avant le départ devient tout à fait envisageable après le retour. Le temps de réflexion du retour d'expatriation peut être le bon moment pour donner un nouveau souffle à sa carrière.

Garder ses contacts

Ne coupez pas les ponts avec vos contacts ! Collègues, supérieurs, connaissances, amis… Vous avez peut-être fréquenté des réseaux professionnels ou informels. Vous avez peut-être bénéficié de l'aide d'un contact pour obtenir votre poste, pour intégrer un réseau ou pour nouer d'autres contacts… Dans la mesure du possible, entretenez vos relations. Qui sait ce que l'avenir vous réserve ?

On ne s'en rend pas forcément compte au quotidien, mais l'expatrié est aussi l'ambassadeur de son pays. Vous partez ; un autre viendra. Il ne travaillera peut-être pas dans la même entreprise que vous. Néanmoins, le monde est petit, et le monde professionnel l'est encore plus. Les informations circulent vite. De mauvaises relations avec l'entreprise peuvent laisser des traces qui compliqueront la tâche de celui qui viendra après vous. Pensez-y, et faites au mieux pour garder de bonnes relations avec votre environnement professionnel et privé.

Échanger, dialoguer

Toutes ces étapes ont un point : l'échange, le dialogue. Il est indispensable de mettre les mots sur son expérience à l'étranger. Il est tout aussi indispensable de dialoguer avec l'environnement que l'on retrouve ou que l'on rencontre. Or, les anciens grands voyageurs se sentent parfois invisibilisés. Le monde a continué de tourner sans eux et personne ne semble vouloir leur laisser une place. S'ils évoquent leurs succès professionnels à l'étranger, ils craignent de passer pour des orgueilleux. S'ils parlent de leurs difficultés professionnelles à l'étranger, ils redoutent de passer pour des geignards. Raconter ces expériences est pourtant capital, et pour recréer du lien, et pour se projeter dans sa carrière.

L'expatriation n'est pas une parenthèse, mais une étape de vie qui transforme bien plus qu'on ne l'aurait imaginé. Le retour d'expatriation est aussi un nouveau départ. Échangez, parlez, dialoguez. Écoutez les autres. Vous n'êtes pas le seul à avoir vécu de grandes aventures. On peut penser qu'en rentrant dans son pays, on n'aura rien à découvrir. C'est tout le contraire. Écoutez ceux qui sont restés. Prenez le pouls de l'actualité. Observez. Au fond, vous activez un peu les mêmes mécanismes que ceux mis en place lors de votre arrivée à l'étranger. Vous vous sentez perdu ? Entourez-vous. Des coachs en expatriation peuvent aussi vous aider à préparer votre nouveau départ professionnel. Les professionnels en charge du bilan de compétences vous aideront également à faire le point. Donnez-vous le temps de vous redécouvrir pour mieux orienter votre carrière. Le retour d'expatriation est un véritable nouveau départ, à tous les niveaux.

Travailler
Travail
A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

Commentaires

Plus d'articles

Voir tous les articles

Articles pour préparer votre expatriation

Tous les articles du guide