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Statut d'apatride : qu'est-ce que c'est et comment l'éviter ?

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Écrit parAsaël Häzaqle 08 Avril 2025

Encore trop souvent méconnue, l'apatridie reste, dans l'inconscient collectif, réduite au cas des personnes sans papiers fuyant dans un autre pays. Il existe en réalité plusieurs cas pouvant entrainer une apatridie. Quelles politiques les États mettent-ils en œuvre pour éviter ces situations et protéger les populations ?

« Apatride » : définition

L'article 1 de la Convention relative au statut des apatrides de 1954 déclare que « le terme « apatridie » désigne une personne qu'aucun État ne considère comme un ressortissant par application de sa législation. » L'apatride est donc celle ou celui à qui aucun État ne veut accorder la nationalité. Or, la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 stipule : « tout individu a droit à une nationalité ». L'apatridie est donc une violation de ce droit universel, qui entraîne la violation d'autres droits fondamentaux. 

Les causes de l'apatridie sont multiples. Elles peuvent par exemple résulter d'une défaillance de l'État d'origine (registres d'état civil absents, non-reconnaissance à la naissance, registres perdus, documents mal archivés…). L'apatridie peut également être la conséquence d'un conflit entre plusieurs législations concernant la nationalité ou d'une perte de nationalité.

Les conséquences de l'apatridie sont facilement identifiables. L'individu n'est reconnu par aucun État, et ne peut donc satisfaire aucune démarche de la vie courante : aller à l'école ou à l'université, travailler, se soigner, se marier, ouvrir un compte bancaire, contracter un prêt, acheter ou louer un logement, voyager, obtenir un permis d'études ou de travail. L'individu n'a aucune existence juridique, non seulement dans son État d'origine, mais dans tous les autres États. Son absence de nationalité le rend inexistant aux yeux de la société. Cette situation ne s'arrête pas à l'individu concerné, mais se transmet généralement aux enfants.

L'apatride est-il un réfugié ?

Les statuts d'apatride et de réfugié recouvrent deux réalités différentes. L'apatride n'a aucune nationalité. Le réfugié en a une, mais est contraint de fuir son pays dans lequel il est menacé (persécution en raison de son ethnie, de son implication politique, de son militantisme, de sa religion, de sa nationalité…). Un apatride n'est pas forcément une personne qui fuit son pays. 

La perte volontaire de sa nationalité rend-elle apatride ?

Pour lutter contre l'apatridie, les États s'assurent que la perte volontaire de nationalité ne rende pas le demandeur apatride. S'il est exposé à ce risque, sa demande sera rejetée. En effet, la condition pour demander une perte de sa nationalité est d'en avoir une autre au préalable. Un individu peut demander à perdre une nationalité au cas où, par exemple, son pays de résidence n'accepte pas la double nationalité.

La déchéance de nationalité rend-elle apatride ?

Depuis la montée du terrorisme, la déchéance de nationalité fait beaucoup parler d'elle. Plusieurs gouvernements ont durci leur législation pour déchoir des individus menaçant la sécurité de l'État : le Canada, les États-Unis et un certain nombre de pays d'Europe, dont le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et la Belgique. La mesure a tout d'abord été appliquée en majorité sur des personnes naturalisées, avant d'être étendue aux binationaux. Mais cette déchéance (qui n'a donc rien à voir avec la perte volontaire de sa nationalité) ne peut rendre une personne apatride. Pour être déchu de sa nationalité, un individu doit donc en avoir une autre au préalable.

Apatridie : comment en arrive-t-on là ?

L'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) estime que des milliers de personnes subiraient la privation de nationalité. Or, la privation de nationalité empêche toute construction sociale. Privé de ses droits fondamentaux, l'apatride ne peut envisager une vie décente. 

Les conflits géopolitiques peuvent aussi entraîner des cas d'apatridie (nouveaux États non reconnus sur la scène internationale, déplacements de frontières, guerres, déplacements forcés de populations…). Les ressortissants d'un territoire peuvent se retrouver sans nationalité. Et même lorsqu'une solution présentée comme diplomatique est trouvée, des lois discriminatoires peuvent les rendre apatrides. Les réformes entreprises par un État peuvent rendre toute une population donnée apatride. C'est le cas où, par exemple, l'État retire la nationalité de tout un groupe à cause de son appartenance ethnique ou de tout autre facteur subitement sanctionné par la loi.

Parmi ces lois, il convient de citer celles discriminant les femmes et les minorités ethniques. L'UNHCR rapporte que 27 États interdisent aux femmes de transmettre leur nationalité. D'autres pays interdisent la transmission à certaines ethnies. 

Le cas des enfants

Le cas des enfants nés dans un pays étranger est particulièrement frappant. Si le pays d'origine ne les reconnaît pas (il refuse aux parents le droit de transmettre leur nationalité par filiation), et si le pays étranger ne leur délivre pas la nationalité (au titre du droit du sol, par exemple), ces enfants risquent de devenir apatrides. Les enfants sont exposés au même danger lorsque leur naissance n'est pas enregistrée, lorsque leurs parents sont eux-mêmes apatrides ou lorsqu'ils ne parviennent pas à régulariser leur situation dans le pays d'accueil. Les enfants abandonnés, ayant fait l'objet d'une adoption internationale, nés hors mariage ou d'un couple homosexuel sont plus exposés que les autres au risque d'apatridie.

Apatridie : comment l'éviter à l'étranger ?

Pour éviter l'apatridie, l'UNHCR et les organisations de défense des apatrides engagent en priorité la responsabilité de l'État, le seul habilité à délivrer une nationalité. Elle rappelle que chaque État définit et organise les conditions dans lesquelles il donne la nationalité à tel ou tel individu. C'est donc à l'État de prévenir l'apatridie.

Les articles 12 à 32 de la Convention relative au statut des apatrides de 1954 listent plusieurs droits civils, sociaux, économiques et culturels que chaque État doit accorder aux personnes apatrides. Elles doivent ainsi avoir le droit d'avoir une pièce d'identité, de circuler librement, de recourir à la justice, de travailler, d'aller à l'école, de se soigner et de se faire aider par l'administration. Autant les apatrides doivent respecter les règles de leur pays d'accueil, autant ledit pays se doit d'agir pour mettre fin à l'apatridie, notamment en respectant les principes de la Convention.

Selon l'UNHCR, chaque État peut prendre des actions concrètes pour éviter l'apatridie : accorder la nationalité aux enfants nés apatrides, prévenir l'apatridie des enfants en leur délivrant la nationalité à ceux menacés par l'apatridie, supprimer les lois discriminatoires qui risquent de rendre des populations apatrides, établir des registres de naissance rigoureux, garantir la filiation de chaque enfant. Mais seulement quelques États (France, Espagne, Mexique ou encore Italie) ont mis en place des procédures de détermination de l'apatridie (PDA) pour mieux protéger les populations fragiles. Un nombre plus grand de PDA permettrait de mieux lutter contre l'apatridie.  

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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