C'est le rêve de nombreux étudiants : trouver un stage à l'étranger. C'est en effet une occasion unique de découvrir un nouveau pays sous différents aspects, voire d'y envisager une immigration sur le long terme. Mais les stages à l'étranger sont-ils toujours rémunérés ? Quels sont les éléments à prendre en compte ?
Trouver un stage rémunéré à l'étranger : une mission impossible ?
En matière de stage à l'étranger, la tendance est plutôt à l'absence de rémunération. Mais chaque pays adopte sa propre définition du stage. Le stagiaire à l'étranger, soumis au droit du pays d'accueil, exercera donc son stage en vertu des principes de son pays d'expatriation. En France, par exemple, la loi stipule que tout stage supérieur à 2 mois doit être rémunéré. Malgré des dérives constatées (des stagiaires faisant le même travail qu'un salarié, mais sans le salaire correspondant), la loi française est réputée plus protectrice que d'autres législations.
Au Royaume-Uni, le stage est considéré comme un soutien aux salariés. Il n'est généralement pas rémunéré, mais s'il l'est, le stagiaire pourra être rémunéré comme un salarié. En Australie, le stage est défini comme un apprentissage par observation. On n'attend pas du stagiaire qu'il effectue des tâches, encore moins qu'il occupe la place d'un salarié. Cette qualification du stage explique l'absence de rémunération. La Chine, l'Italie et le Mexique adoptent une même optique. En général, il n'y a pas non plus de rémunération au Canada et aux États-Unis.
Importance du stage à l'étranger
L'absence de rémunération ne rend pas le stage à l'étranger moins attractif, au contraire. Les États-Unis appliquent une distinction nette entre le stage et l'emploi. Un stagiaire ne saurait embrasser les mêmes missions qu'un salarié. Le stagiaire est avant tout là pour apprendre son métier. Cette période d'apprentissage est d'autant plus cruciale qu'elle peut ouvrir les portes d'un premier emploi. Une aubaine pour les étudiants internationaux ; nombreux sont ceux visant effectivement le premier emploi à l'étranger. Ainsi, les offres de stages dans les secteurs les plus susceptibles d'accorder une rémunération sont particulièrement prisées par les étudiants étrangers. On pense bien sûr aux métiers de la Tech, de la banque ou de la finance. Aux États-Unis, on trouve davantage de stages rémunérés dans ces secteurs. Mais les places sont chères.
On rappelle aussi que le stage n'est pas réservé aux jeunes étudiants. Les non-étudiants adultes peuvent également décrocher un stage, qu'ils soient salariés, en recherche d'emploi, en reconversion professionnelle ou en projet de création d'entreprise. Ces stages peuvent prendre la forme d'une immersion en entreprise, d'un stage d'observation, d'alternance entre mission en entreprise et cours… Les adultes ont l'avantage de l'expérience. Ils ont déjà travaillé en entreprise et connaissent ses codes. Bien sûr, la culture d'entreprise évolue selon les secteurs et les pays. Un même emploi ne sera pas forcément le même d'un pays à l'autre. Confère la définition du stage, qui évolue selon les États. Cependant, l'expérience acquise par les adultes reste. Elle s'exprime sous forme de compétences techniques et de savoir-être, qualités recherchées par les entreprises.
Dans quels pays a-t-on le plus de chances de trouver un stage rémunéré ?
On l'a dit, en matière de stage, deux écoles s'affrontent. Certains États estiment que le stagiaire est avant tout en formation. Il est donc payé « par son expérience ». Ou alors, il est en observation et sera encore moins susceptible de toucher une quelconque rémunération. D'autres pays prévoient au contraire une rémunération en fonction de plusieurs critères, dont la durée du stage.
Dans les pays ayant la culture du stage, comme la France, l'Allemagne et les Pays-Bas, on aura davantage de chances de trouver un stage. Mais il ne sera pas forcément rémunéré. En France, la gratification dépend notamment de la durée du stage (2 mois minimum) et du statut du stagiaire (étudiant ou pas...). Aux Pays-Bas, il est possible d'effectuer un long stage en ne percevant rien. En pratique, ce sont les employeurs qui décident de la gratification. S'il n'y a pas de rémunération, ils peuvent opter pour une compensation autre : par exemple, le remboursement des frais de transport.
Stage à l'étranger : les villes qui paient le mieux
Mais pour avoir plus de chances de trouver un stage rémunéré, mieux vaut raisonner en termes de villes et de secteurs d'activité. En 2022, un rapport de Business Name Generator, agence de conseil en image de marque, classe les meilleures villes où chercher un stage. Une seule ville européenne pour une majorité de villes américaines. Elles occupent le top 3, avec Los Angeles en tête, Austin en 2e position et Ann Arbor en 3e position. Manchester est 4e, suivie par Chicago (5e), Londres (6e), Paris (7e), San Diego (8e), Montréal (9e) et Gainesville (10e).
Côté finances, les regards se portent toujours vers les États-Unis, où certaines villes offriraient les meilleures rémunérations. À San Diego et Ann Arbor, un étudiant pourrait gagner jusqu'à 4000 dollars par mois, et entre 3000 et 3700 dollars s'il effectue son stage à Austin, Chicago, Los Angeles ou Boston. Il faut se rendre en Australie, en Suisse, en Suède ou au Canada pour espérer trouver des offres comparables. Un étudiant pourrait gagner environ 3700 dollars mensuels à Sydney, 3600 à Zurich, 3300 à Stockholm, et 3200 à Montréal.
Bien entendu, ces sommes sont à prendre à titre indicatif. Elles concernent surtout quelques secteurs professionnels bien précis. La Tech fait partie des secteurs d'activité réputés généreux envers leurs stagiaires. Mais la Tech est un vaste secteur, et tous les domaines ne seront pas concernés par ses promesses de hauts revenus. L'aéronautique, la banque, et la finance sont les autres secteurs susceptibles d'offrir des gratifications élevées.
Rémunération des stages : le poids des entreprises
Et là encore, les offres varient selon les entreprises. Les très populaires GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), par exemple, peuvent offrir des gratifications très attractives, assorties de possibles compensations (frais de transport pris en charge...).
D'autres grandes entreprises sont connues pour bien rémunérer les stagiaires : le groupe Michelin, Orange, Adobe, LinkedIn, Lidl, ou encore Nestlé.
Forte de leur image de marque, les grandes entreprises séduisent toujours autant d'individus en quête de stage. Leur statut international est une chance supplémentaire pour les candidats au stage à l'étranger. On rappelle néanmoins que les places sont chères. Tout miser sur les multinationales peut faire passer à côté d'une offre, certes moins compétitive, mais tout aussi qualitative. En général, lorsqu'il n'y a pas de rémunération, les entreprises peuvent proposer aux stagiaires la prise en charge de leurs frais de transport (comme aux Pays-Bas, par exemple). La compensation peut sembler dérisoire comparativement aux rémunérations promises par les grands groupes. Mais elle convient aux offres qu'on trouvera plus facilement (avec les offres de stages non rémunérés). Les salaires mirobolants des multinationales restent en effet une exception.
Stage à l'étranger : à quoi faut-il s'attendre ?
Sous quelles conditions faire un stage à l'étranger ? Tout d'abord, il faut bien se renseigner sur la définition du stage dans le pays d'accueil. Les stages sont-ils obligatoires et si oui, quels publics visent-ils ?
L'Allemagne distingue les stages obligatoires et non obligatoires. Les stages obligatoires sont indispensables pour obtenir un diplôme. Rémunérés, ils sont donc destinés aux étudiants et doivent être encadrés par une convention de stage. Les stages non obligatoires ne sont pas forcément rémunérés. Mais lorsqu'ils le sont, ils peuvent offrir une rémunération intéressante lorsqu'ils dépassent 3 mois. En principe, la loi allemande assimile le stagiaire au salarié, concernant la rémunération : comme le salarié, le stagiaire a le droit au salaire minimum légal. Exception faite pour les stages obligatoires, qui ne sont pas concernés par la loi. La France aussi distingue les stages obligatoires des stages non obligatoires.
Attention à la convention de stage : elle peut faire mention de clauses de confidentialité, et empêcher l'étudiant, par exemple, de diffuser des informations sensibles dans le rapport de stage. En cas de doute, mieux vaut, avant la signature, interroger l'employeur en lui précisant ce que doit comporter le rapport de stage. On rappelle que la convention de stage encadre les relations entre l'étudiant stagiaire, l'entreprise et l'établissement universitaire. Elle fait office de « contrat de travail » pour le stagiaire, et doit être signée par les trois parties. D'où l'importance d'en vérifier le contenu, car, là encore, les règles des conventions de stage peuvent changer selon les pays.
Stage rémunéré ou pas : points de vigilance
Que le stage soit rémunéré ou pas, il convient de bien se renseigner avant le grand départ. Tout d'abord, mieux vaut éviter de chercher un stage à l'étranger sans prendre en compte les particularités du pays étranger. Certains pays comme le Japon n'ont pas la culture du stage. En trouver n'est pas un possible, mais plus compliqué. D'autres paramètres sont à prendre en compte (langue parlée, coût de la vie…) ; la question financière est encore plus importante en cas de stage non rémunéré.
Gare aux offres trop alléchantes
Certaines entreprises profitent de leur implantation dans un pays touristique pour attirer les étudiants étrangers. D'autres profitent de la méconnaissance du droit pour faire travailler les étrangers en dehors du cadre légal. Des stages se voient ainsi transformés en emplois à plein temps, mais sans la rémunération et la protection qui vont avec. Pour éviter ces déconvenues, il faut être au clair concernant ses missions. L'entreprise doit définir clairement les missions du stagiaire et son champ d'intervention. Son annonce doit elle aussi être claire, et ne pas se borner à « cherche stagiaire... ». L'étudiant averti prendra soin de bien lire son contrat de stage (ou la convention) avant toute signature.
Prudence face à certaines agences de placement
Faire appel à une agence pour trouver un stage à l'étranger ? Tout comme il existe des agences de recrutement pour les professionnels expatriés, il existe également des agences qui proposent des stages à l'étranger pour les étudiants. Là encore, gare aux arnaques. On évitera, par exemple, les agences qui promettent le stage idéal moyennement « petite » contribution financière par virement bancaire… Victime de leur succès, les organismes tels qu'Erasmus + sont régulièrement la cible d'usurpateurs. L'un des derniers faits en date rapporte l'existence d'un programme « Erasmus + Canada » : or, « il n'existe pas d'Erasmus + Canada » lié au programme européen Erasmus + » rapporte le véritable programme Erasmus + sur son site Internet.
Bien vivre son stage à l'étranger
Une fois sur place, il faut bien sûr s'attendre à vivre une potentielle période de turbulence. C'est le fameux choc culturel, que l'on rencontre lors d'une première expatriation, mais pas seulement. Les grands voyageurs peuvent être plus aguerris, grâce à leurs expériences passées. Mais chaque pays réserve ses surprises. De plus, découvrir un pays en touriste et y vivre comme stagiaire sont deux choses très différentes.
Pour bien vivre son stage à l'étranger, il est important d'anticiper. Comme toute expatriation, le stage à l'étranger se prépare. Dans quelle ville aura-t-il lieu ? Quelle est l'offre de logement ? Le coût de la vie y est-il cher ? Les transports sont-ils accessibles ? Si l'on peut s'octroyer des pauses pour découvrir son nouvel environnement, il ne faut pas oublier la raison principale du voyage. On recommande d'ailleurs de ne pas choisir son stage uniquement en fonction du lieu (on s'imagine déjà en vacances... ), ou de la présence de grandes entreprises (des entreprises plus modestes recrutent aussi des stagiaires…). Au contraire, on prêtera attention à la nature des missions et aux possibles évolutions de carrière.
Le stage à l'étranger est un bon moyen d'envisager une carrière à l'étranger. Il peut même jouer les propulseurs de carrière, grâce aux contacts noués sur place. Il met bien entendu le CV en valeur, mais enrichit également sur le plan humain. On se découvre une autre culture, on élargit son cercle de connaissances, on apprend des autres et de soi. Une aventure humaine autant qu'un challenge professionnel.