Motivée par une opportunité professionnelle à ne pas décliner, Philippine, expatriée française, décide de se lancer dans une nouvelle aventure en Malaisie. Venant de Vosges et maman de deux enfants, elle vit aujourd'hui à Kuala Lumpur grâce à un contrat local décroché auprès de la même entreprise qui a embauché son compagnon. Elle parle à ½ûÂþÌìÌà de tout ce qui fait de Kuala Lumpur une ville multiculturelle et agréable à vivre pour tout expatrié.
Bonjour Philippine, peux-tu te présenter brièvement et nous parler de ton parcours ?
Bonjour, je m'appelle Philippine et je suis maman de 2 enfants : Camille (6 ans) et Charlie (3 ans). Nous vivions dans les Vosges, en France, avant de s'expatrier en Malaisie. Je travaillais au service informatique de Linvosges en tant qu'analyste. Nous sommes partis car mon conjoint qui est ostéopathe est tombé sur l'annonce Facebook d'une entreprise qui recherchait des ostéopathes à Kuala Lumpur. Cette même entreprise m'a proposé de travailler à mi-temps pour m'occuper du développement côté digital marketing. Cette dernière proposition nous a convaincu de partir ! Nous avons tous les deux un contrat local et non un statut d'expatrié qui comprend des avantages comme le déménagement organisé, les 鳦´Ç±ô±ðs payées, le logement trouvé et payé, etc). On a donc dû se débrouiller tout seul pour à peu près tout.
Depuis combien de temps vis-tu en Malaisie ?
Nous sommes arrivés le 21 août 2018, donc ça fait presque 4 mois.
Qu'est-ce qui t'a attirée vers Kuala Lumpur ?
Je n'avais pas particulièrement ciblé ce pays. C'est plutôt l'opportunité d'y travailler qui nous a orienté vers Kuala Lumpur. C'est une ville qui ne me déplaisait pas au premier abord puisqu'on y avait déjà passé 3 jours en 2014 dans le cadre d'un voyage.
Quelles étaient les formalités à remplir pour t'installer en Malaisie ?
Nous ne sommes pas mariés et avons tous les deux un contrat de travail local. C'est notre employeur qui s'est occupé des démarches pour l'obtention du visa. Il a fallu lui envoyer les scans de toutes les pages de nos 4 passeports, des photos d'identité et renvoyer nos contrats de travail signé.
Parles-nous de ce que tu aimes le plus en Malaisie et le moins.
Ce que j'aime le plus c'est la gentillesse et la bienveillance des personnes envers les enfants, la diversité de la nourriture et la facilité d'aller manger « dans la rue », la sensation d'être tous les jours en vacances, sans oublier les orages qui donnent l'impression que la fin du monde approche.
Ce que j'aime le moins c'est le manque de saison marquée, la constance des jours, la sensation d'un jour sans fin, la pollution environnementale et lumineuse (nous ne voyons jamais d'étoiles !), le fait que la ville grouille sans cesse et les embouteillages (ou le trafic jam).
Peux-tu nous décrire Kuala Lumpur en une phrase ?
Cette ville est un mélange harmonieux de cultures. Bien que le pays soit en majorité musulman, il règne une ambiance de respect et tolérance envers les autres religions. On peut voir une fille en mini-jupe à côté d'une femme voilée sans que personne ne s'en offusque !
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à ton arrivée en Malaisie ?
La chaleur humide qui peut vite devenir insupportable. N'étant pas habituée à ce climat, je porte des shorts, débardeurs, petites robes, des vêtements d'été tout simples que je portais en France mais je me sens en décalage par rapport aux autres femmes qui sont pour la plupart en pantalon et t-shirt manches longues. J'ai très rarement vu des épaules dénudées ! Au début, je pensais que c'était principalement dû à la religion mais pas tant que ça, car même les femmes qui ne portent pas le voile sont assez couvertes. Moi qui en short suis en nage, j'ai du mal à comprendre comment elles supportent cette chaleur.
Est-il difficile de trouver un logement à Kuala Lumpur ? Quels sont les types de logements disponibles pour les expatriés ?
Non, il est très facile de trouver un logement à Kuala Lumpur. On trouve de tout : de maisons luxueuses avec piscine privée, jardin, agents de sécurité et tous les services qui vont avec aux appartements de base dans un immeuble standard. Il y a beaucoup de logements vides en attente de locataires. A notre arrivée, nous avons dû en visiter une quinzaine en 4 jours. Je parle d'ailleurs de la recherche de notre logement et donne des conseils sur mon .
Qu'est-ce qui caractérise le marché du travail local ? Est-il facile pour un expatrié de trouver un emploi en Malaisie ?
Le marché du travail local semble très dynamique, grâce notamment, à un tissu de petites et moyennes entreprises très solides offrant de nombreuses opportunités pour les locaux. C'est un des marchés de la région les plus ouverts aux initiatives étrangères.
Il est assez difficile pour un expatrié de trouver un emploi en Malaisie pour plusieurs raisons. En premier lieu, l'employeur devra payer l'obtention du visa de travail et, surtout, justifier auprès des autorités pourquoi le poste doit être occupé par un étranger plutôt qu'un Malais. Ensuite, il est connu qu'un étranger sera bien mieux payé qu'un local, donc souvent rédhibitoire pour un employeur à moins que le candidat apporte une grosse valeur ajoutée.
Quels sont les festivals les plus populaires et les principaux codes culturels à Kuala Lumpur ?
Du fait de la multiculturalité du pays, la Malaisie est souvent en fête. Dernièrement, nous avons fêté Halloween, Deepavali, Thanksgiving, l'anniversaire du prophète Mohammed et en ce moment les centres commerciaux installent les décorations de Noël. Je trouve ça vraiment super pour les enfants comme ça leur ouvre d'autres perspectives. Ils comprennent qu'il existe d'autres religions, d'autres cultures et, surtout, ça leur apprend la tolérance.
Que penses-tu du mode de vie à Kuala Lumpur ?
Il a l'air d'être un peu fou. Je me sens un peu à l'écart du vrai mode de vie malaisien. Je vis dans une tour de luxe, je travaille à temps partiel depuis chez moi la plupart du temps, je suis rarement prise dans les bouchons. Je sais que j'ai énormément de chance de vivre dans ce contexte mais je suis à des kilomètres de vivre comme une vraie Malaisienne.
Quels sont les moyens de transport disponibles à Kuala Lumpur ? Comment te déplaces-tu ?
A Kuala Lumpur, il y a le métro, des bus mais surtout beaucoup de voitures. Nous avons la chance de ne pas avoir à trop nous déplacer la semaine. Le bus de l'鳦´Ç±ô±ð française vient chercher Camille en bas de notre condo, j'emmène Charlie à son 鳦´Ç±ô±ð à pied et l'une des cliniques d'ostéopathie est à 100m de chez nous. Le week-end, nous nous déplaçons en Grab : l'application indispensable quand on vit à Kuala Lumpur ! C'est sûr et pas cher. Il est possible d'acheter ou louer une voiture mais au vu de nos déplacements, ça ne vaudrait pas le coup pour nous.
As-tu eu des difficultés à t'adapter à ton nouvel environnement et à la société malaisienne ?
Je dirais que ma principale difficulté d'adaptation est liée au climat : la chaleur humide et écrasante qui ne change pas tout au long de l'année.
A quoi ressemble ton quotidien d'expatriée à Kuala Lumpur ?
Nous nous réveillons à 6h30 ! Pourquoi aussi tôt ? Parce qu'ici l'鳦´Ç±ô±ð commence tôt pour finir tôt. On prend notre petit déjeuner sans trop traîner car le bus de Camille vient la chercher à 7h22 précisément en bas du condo. Puis, je pars à pied pour déposer Charlie à l'鳦´Ç±ô±ð vers 8h15. Charlie est dans une 鳦´Ç±ô±ð Montessori du réseau Sparkles. Sur le chemin de l'鳦´Ç±ô±ð, nous longeons un bout de jungle. Si nous avons de la chance, nous croisons des singes. Ils viennent souvent pour chiper les ordures de notre condo.
Retour à l'appart, il est 8h30. Maintenant, c'est ma journée qui commence ! Je travaille de chez moi à mi-temps, ce qui me permet de consacrer la 2e partie de la journée aux enfants. En général, surtout en ce moment car c'est la saison des pluies, il commence à pleuvoir vers 15h. Pas de chance pour moi comme c'est l'heure à laquelle je dois sortir et marcher pour aller chercher les enfants, d'où la nécessité d'avoir un bon parapluie !
De retour à la maison vers 16h, j'ai bien souvent l'impression qu'il est 19h car récupérer ses enfants aussi tôt ça ne me paraît pas « normal ». Alors on fait quoi jusque 19h ? Et bien on prend le temps ! Le temps de goûter, de faire les devoirs, de jouer un peu et d'aller à la piscine.
Que fais-tu de ton temps libre ?
En travaillant à temps partiel, on peut penser que j'ai beaucoup de temps libre mais comme l'鳦´Ç±ô±ð finit tôt, je passe la majorité de mon temps libre avec les enfants. Le soir, je regarde une série, un film ou un livre en anglais pour progresser dans la langue de Shakespeare.
Quelles nouvelles habitudes as-tu adoptées en Malaisie ? Quelles vieilles habitudes as-tu laissé tomber ?
Pour les nouvelles habitudes : laisser les fenêtres grandes ouvertes pour avoir de l'air, sauf lors du pest control (extermination des nuisibles avec des pesticides puissants) et du haze (ils brûlent des forêts entières pour avoir plus de place pour planter des palmiers), changer de vêtements deux fois par jour tellement il fait chaud et dormir avec la climatisation.
L'une de mes vieilles habitudes de « Mamie » que j'ai laissée tomber en arrivant en Malaisie : faire chauffer une bouillotte le soir avant d'aller se coucher. Et boire l'eau du robinet car elle n'est pas potable en Malaisie.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Kuala Lumpur ? Combien coûtent un trajet en bus, une bière, ou encore, un bon pain ?
Le coût de la vie est très abordable lorsqu'on vit à la « malaisienne ». Un ticket de métro est à environ 1€, une bière à 3€ (l'alcool est beaucoup taxé du fait qu'on soit dans un pays musulman) et une baguette à 0,80€ (mais elle n'est pas aussi bonne qu'en France).
Y a-t-il quelque chose que tu voudrais faire en Malaisie mais dont tu n'as pas encore eu l'occasion ?
Oh oui, il y a tellement de choses que je voudrais découvrir ! On voudrait profiter de cette chance de vivre à proximité d'endroits magnifiques pour voyager. On revient de vacances à Krabi en Thaïlande. A présent, on projette d'aller visiter les Cameron Highlands dans les terres en Malaisie. En février, on part aux îles Perhentian et par la suite, on projette de voyager au Cambodge, Vietnam, Sri Lanka, Indonésie... Bref, un beau programme !
Quel est ton meilleur souvenir de la Malaisie ?
Je suis surprise par la gentillesse des Malais. Un jour alors qu'on pique-niquait dans un parc avec les enfants, un homme et son fils se sont approchés de nous avec une assiette remplie de sandwichs et gâteaux. Sur le coup, je me suis méfiée. Je me suis dit « Oh non, il va vouloir me vendre quelque chose ! ». Et non, j'avais tout faux. Il voulait tout simplement me donner cette assiette car ils avaient prévu trop à manger. Juste comme ça, sans rien en retour. Il est reparti simplement terminer son pique-nique avec sa famille et ses amis. J'en suis restée bouche bée !
Que penses-tu de la cuisine locale ? Quelles sont tes spécialités préférées ?
Il faut avouer qu'on est plutôt gâté niveau diversité de restauration : le mélange culturel fait qu'on peut manger de tout, du thaï à l'italien en passant par l'indien, le chinois et le japonais. Il est facile de trouver de quoi manger pour tous les goûts, tous les budgets et à n'importe quelle heure du jour. En revanche, je me pose des questions sur la qualité nutritionnelle. Les commerçants n'ont pas l'air de s'inquiéter de la façon dont sont traités leurs produits ou d'où ils viennent. Il n'empêche que le pad thaï est mon plat préféré.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à ton pays d'origine ?
Indubitablement, ce qui me manque le plus c'est le changement de paysage qui vit avec les saisons. Ici, les journées passent et se ressemblent, même s'il y a 2 saisons. La température ne varie pas. J'ai l'impression de vivre les mêmes journées continuellement : le paysage ne change pas et la manière de s'habiller non plus. C'est très personnel mais j'étais vraiment attachée et sensible au changement de saison et à diversifier nos activités en fonction du temps qu'il fait dehors.
Es-tu déjà arrivée au point de vouloir quitter la Malaisie ? Comment as-tu surmonté cette épreuve ?
Non ça ne nous ait pas encore arrivé. Je pense que ce qui pourrait nous faire rentrer serait un problème de santé ou un ras-le-bol général des conditions environnementales.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs expatriés en Malaisie ?
D'obtenir le permis de travail rapidement car tout en dépend par la suite ! Pas de permis de travail, pas de compte en banque, par exemple. Quasiment toutes les démarches administratives nécessitent le permis de travail. Je conseille aussi de vérifier si l'expatriation en vaut la peine financièrement. Les dépenses ici peuvent être très différente de celles en France. Si ça peut aider, j'ai réalisé un détail de nos dépenses mensuels .
Quelles seraient, selon toi, les 5 choses à emmener dans sa valise en Malaisie ?
Un grand et solide parapluie, des tongues, des vêtements d'été, mais aussi un gilet léger car il peut faire vite frais dans les centres commerciaux, bureaux et voitures, un téléphone avec une bonne batterie, une bonne carte mémoire (car vous allez en faire des photos ) et l'application Grab.
Tes projets d'avenir ?
Pour le moment, nous avons en tête de profiter de notre vie dans ce pays mais nous sommes convaincus que nous n'y resterons pas à vie. La France, ses saisons, sa nourriture de qualité, notre famille et nos amis vont finir par nous manquer, c'est certain.
Y a-t-il une chose que tu souhaiterais ramener avec toi en quittant la Malaisie ?
Tous nos bons souvenirs. J'aimerais que mes enfants ramènent l'anglais dans leur valise et gardent en tête qu'il existe plein d'autres cultures que la nôtre.
Et si tout cela était à refaire ?
Je le referais sans hésiter avec toutes les erreurs que ça comprend, car c'est en commettant des erreurs que l'on apprend.